• L’âme antique était rude et vaine
    Et ne voyait dans la douleur
    Que l’acuité de la peine
    Ou l’étonnement du malheur.

    L’art, sa figure la plus claire,
    Traduit ce double sentiment
    Par deux grands types de la Mère
    En proie au suprême tourment.

    C’est la vielle reine de Troie :
    Tous ses fils sont morts par le fer.
    Alors ce deuil brutal...

  • XXI

    Dans ce jardin antique où les grandes allées
    Passent sous les tilleuls si chastes, si voilées
    Que toute fleur qui s’ouvre y semble un encensoir,
    Où, marquant tous ses pas de l’aube jusqu’au soir,
    L’heure met tour à tour dans les...

  •  
    Bienheureuse la destinée
    D’un enfant grec du monde ancien !
    Fruit d’un amoureux hyménée,
    Il est gai d’une joie innée,
    Et deux beaux sangs ont fait le sien.

    C’est Pan, bénévole et farouche,
    Qui forme son cœur et sa voix :
    Il lui met la flûte à la bouche,
    L’enfant souffle, le faune touche,
     Et la leçon rit dans les bois.

    Aux...

  • Il est jeune, il est pâle ― et beau comme une fille.
    Ses longs cheveux flottants d’un nœud d’or sont liés,
    La perle orientale à son cothurne brille,
    Il danse ― et, secouant sa torche qui pétille,
    À l’entour de son cou fait claquer ses colliers.

    Tout frotté de parfums et la tête luisante,
    Il passe en souriant et montre ses bras nus.
    Un lait pur a lavé...

  • Elle est dans l'atrium la blonde Lycoris
    Sous un flot parfumé mollement renversée.
    Comme un saule jauni s'épand sous la rosée,
    Ses cheveux sur son sein pleuvent longs et fleuris.

    Dans les roseaux, vis-tu, sur un fleuve bleuâtre,
    Le soir, glisser le front de la pâle Phoebé ?
    - Elle dort dans son bain et sa gorge d'albâtre,
    Comme la lune, argente un...

  • L'Etna mûrit toujours la pourpre et l'or du vin
    Dont l'Érigone antique enivra Théocrite ;
    Mais celles dont la grâce en ses vers fut écrite,
    Le poète aujourd'hui les chercherait en vain.

    Perdant la pureté de son profil divin,
    Tour à tour Aréthuse esclave et favorite
    A mêlé dans sa veine où le sang grec s'irrite
    La fureur sarrasine à l'orgueil...

  • Dans ce jardin antique où les grandes allées
    Passent sous les tilleuls si chastes, si voilées
    Que toute fleur qui s'ouvre y semble un encensoir,
    Où, marquant tous ses pas de l'aube jusqu'au soir,
    L'heure met tour à tour dans les vases de marbre
    Les rayons du soleil et les ombres de l'arbre,
    Anges, vous le savez, oh ! comme avec amour,
    Rêveur, je...

  • Tout dort. Le fleuve antique entre ses quais de pierre
    Semble immobile. Au loin s?espacent des beffrois.
    Et sur la cité, monstre aux écailles de toits,
    Le silence descend, doux comme une paupière.

    Les palais et les tours sur le ciel étoilé
    Découpent des profils de rêve. Notre-dame
    Se reflète, géante, au miroir de mon âme.
    Et la Sainte-Chapelle a l?air...