Médaille antique

L'Etna mûrit toujours la pourpre et l'or du vin
Dont l'Érigone antique enivra Théocrite ;
Mais celles dont la grâce en ses vers fut écrite,
Le poète aujourd'hui les chercherait en vain.

Perdant la pureté de son profil divin,
Tour à tour Aréthuse esclave et favorite
A mêlé dans sa veine où le sang grec s'irrite
La fureur sarrasine à l'orgueil angevin.

Le temps passe. Tout meurt. Le marbre même s'use.
Agrigente n'est plus qu'une ombre, et Syracuse
Dort sous le bleu linceul de son ciel indulgent ;

Et seul le dur métal que l'amour fit docile
Garde encore en sa fleur, aux médailles d'argent,
L'immortelle beauté des vierges de Sicile.

Collection: 
1874

More from Poet

  • Un des consuls tué, l'autre fuit vers Linterne
    Ou Venuse. L'Aufide a débordé, trop plein
    De morts et d'armes. La foudre au Capitolin
    Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne.

    En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne
    Et consulté deux fois l'oracle...

  • Jadis, à travers bois, rocs, torrents et vallons,
    Errait le fier troupeau des Centaures sans nombre ;
    Sur leurs flancs le soleil se jouait avec l'ombre ;
    Ils mêlaient leurs crins noirs parmi nos cheveux blonds.

    L'été fleurit en vain l'herbe. Nous la foulons
    Seules...

  • Au rude Arès ! A la belliqueuse Discorde !
    Aide-moi, je suis vieux, à suspendre au pilier
    Mes glaives ébréchés et mon lourd bouclier,
    Et ce casque rompu qu'un crin sanglant déborde.

    Joins-y cet arc. Mais, dis, convient-il que je torde
    Le chanvre autour du bois ? -...

  • Le quadrige céleste à l'horizon descend,
    Et, voyant fuir sous lui l'occidentale arène,
    Le Dieu retient en vain de la quadruple rêne
    Ses étalons cabrés dans l'or incandescent.

    Le char plonge. La mer, de son soupir puissant,
    Emplit le ciel sonore où la pourpre se...

  • Sous l'azur triomphal, au soleil qui flamboie,
    La trirème d'argent blanchit le fleuve noir
    Et son sillage y laisse un parfum d'encensoir
    Avec des sons de flûte et des frissons de soie.

    A la proue éclatante où l'épervier s'éploie,
    Hors de son dais royal se penchant...