Il est jeune, il est pâle ― et beau comme une fille.
Ses longs cheveux flottants d’un nœud d’or sont liés,
La perle orientale à son cothurne brille,
Il danse ― et, secouant sa torche qui pétille,
À l’entour de son cou fait claquer ses colliers.
Tout frotté de parfums et la tête luisante,
Il passe en souriant et montre ses bras nus.
Un lait pur a lavé sa main éblouissante,
Et de sa joue en fleur la puberté naissante
Tombe aux pinces de fer du barbier Licinus.
Près des musiciens dont la flûte soupire,
De la scène, en rêvant, il écoute le bruit ;
Ou, laissant sur ses pas les senteurs de la myrrhe,
Il se mêle au troupeau des femmes en délire,
Que le fanal des bains attire dans la nuit.
S’il a de ses sourcils peint le cercle d’ébène,
Ce n’est pas pour Néëre ou Lesbie aux bras blancs.
Jamais, jamais sa main chaude de votre haleine,
Vierges, n’a dénoué la ceinture de laine
Que la pudeur timide attachait à vos flancs.
Pour lui, le proconsul épuisera l’empire ;
Le prêtre comme aux dieux lui donnerait l’encens ;
Le poëte l’appelle ou Mopsus ou Tytire,
Et lui glisse en secret, sur ses tables de cire,
Le distique amoureux, aux dactyles dansants.
Par la ville, en tous lieux, autour de lui bourdonne
L’essaim des jeunes gens aux regards enflammés…
Et le sage lui-même, en s’arrêtant, frissonne
Quand son ombre chancelle et que son luth résonne
Au fauve soupirail des bouges enfumés.