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    Tis night !....
    The soul forgets her schemes of hope and pride,
    And flies unconscious o’er each backward year.
    BYRON.

    Il est nuit !.... C’est l’heure où l’âme oublie ses projets d’espérance
    et d’orgueil, et plane presqu’à son insu sur les années passées.

     

    Alors que sur les monts l’ombre s’est abaissée,
    Des jours...

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    Le poète est semblable à la vague agitée,
    Tantôt touchant les cieux, tantôt précipitée
            Au plus profond des mers ;
    Sombre ou gai tour à tour, il court de songe en songe
    Un souffle le relève, un autre le replonge
            Dans les dégoûts amers.

    Qu’ils sont beaux ces moments d’une double existence,
    Où, certain de lui-même, et fier de sa...

  • Quand le paysan sème, et qu’il creuse la terre,
    Il ne voit que son grain, ses bœufs et son sillon.
    ― La nature en silence accomplit le mystère, ―
    Couché sur sa charrue, il attend sa moisson.

    Quand sa femme, en rentrant le soir, à sa chaumière,
    Lui dit : « Je suis enceinte », ― il attend son enfant.
    Quand il voit que la mort va saisir son vieux père,
    ...

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    Les larmes sont un don.

    Lorsque d’un pas distrait nous poursuivons nos rêves
    Sous l’ombrage doré des grands bois murmurants,
    Par les plaines de trèfle et les doux champs de fèves,
    Ou sur les rocs hardis qui bordent les torrents,

    Et que, par intervalle, arrêtés sous un chêne,
    Nous sentons lentement pénétrer dans l’esprit,
    Le...

  • Dans le silence où rien, par ce soir, ne palpite,
    De belles vox, soudain, ont surgi des échos ;
    À cet appel fervent, le doute lourd s’effrite,
    S’efface dans l’église au bruit de mes sabots.

    Alors, dans la pénombre, où conversent des âmes,
    Auréolant le rêve au gré du souvenir,
    Déferle un chant pareil au bruit fougueux des lames,
    Aux rochers escarpés...

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    On ne sait pas toujours où va porter la hache,
    Et bien des souverains, maladroits ouvriers,
    En laissent retomber le coupant sur leurs pieds !
    ...
    Que d'ennuis sur un front la main de Dieu rassemble
    Et donne pour racine aux fleurons du bandeau!
    Pourquoi mit-il encor ce pénible fardeau
    Sur ma tête aux pensées tristes abandonnée,
    Et...

  • Laine blanche, crochet, roulés entre mes doigts,
    Combien vous ai-je dit de secrets autrefois ?
    Combien avez-vous vu de doux rêves éclore ?
    Vous en souvenez-vous ?… Hélas ! j’en tremble encore.

    Quand mon cœur palpitait d’espérance & d’orgueil,
    Nous épiions un bruit de pas à notre seuil,
    Un coup rapide & sec derrière notre porte,
    Tandis qu’en...

  • Qu'importe qu'en un jour on dépense une vie,
    Si l'on doit en aimant épuiser tout son coeur,
    Et doucement penché sur la coupe remplie,
    Si l'on doit y goûter le nectar du bonheur.

    Est-il besoin toujours qu'on achève l'année ?
    Le souffle d'aujourd'hui flétrit la fleur d'hier ;
    Je ne veux pas de rose inodore et fanée ;
    C'est assez d'un printemps, je ne...

  • Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
    Cache un front inégal sous un cercle de brume,
    L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
    Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
    On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
    Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

    Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
    Là-bas, - tandis que...

  • Obscuritate rerum verba saepe obscurantur.
    GERVASIUS TILBERIENSIS.


    Amis, ne creusez pas vos chères rêveries ;
    Ne fouillez pas le sol de vos plaines fleuries ;
    Et quand s'offre à vos yeux un océan qui dort,
    Nagez à la surface ou jouez sur le bord.
    Car la pensée est sombre ! Une pente insensible
    Va du monde réel à la sphère invisible ;
    La...