• Armé du ciseau d’or, le divin Praxitèle
    Cherchait dans le paros la Vénus Astarté ;
    Mais il ne trouvait pas. « O Vénus immortelle !
    » Descends du ciel et parle à mon marbre lacté. »

    Du nuage d’argent Vénus descendra-t-elle ?
    » Qu’importe ! s’écria Praxitèle irrité :
    » Daphné, Léa, Délie, Hélène, Héro, Myrtelle
    » Me donnent par fragments l’idéale beauté...

  • Si de mai l'haleine envolée
    Sur la vallée,
    Mollement soupire et frémit,
    Caressant la pelouse verte
    De fleurs couverte
    Nous disons : la terre sourit...

    Si zéphyr, sur l'azur limpide
    Des mers qu'il ride,
    Baise l'ondine et la poursuit,
    Tandis que la vague amoureuse
    S'enfle et se creuse,
    Nous disons : l'océan sourit...

    Si...

  •  
    Loin de ce siècle vil et des laideurs humaines,
    En des temps disparus, dans un rêve enchanté
    Je t’évoque aujourd’hui, foyer de la Beauté,
    Ville-fleur, Ville-femme, ô lumineuse Athènes !

    C’était par un matin de nacre et d’or : l’azur
    Palpitait dans les bois, vibrait sur les collines ;
    Dans les prés étoilés les sources cristallines
    Épanchaient...

  • Dès l’aurore quand pour boire
    Adam Billaut se levait,
    Un baiser rend la mémoire

    À ma Suzon qui rêvait ;
    Dans ses bras, heureux esclave,
    Je dis au vieux chansonnier :
    Tu peux descendre à la cave,
    Moi, je suis bien au grenier.

    Vous dont le cœur bat au ventre,
    Chantez Bacchus et Comus ;
    Pour moi, s’il faut opter entre
    Les...

  • Chacun peut bien de cette autre Diane
    La beauté voir jointe à la chasteté
    Mais je suis seul qui voy la Sainteté
    Du clair esprit par le corps diaphane :

    Par ce corps là, non pas corps, mais le fane
    D'une nouvelle et haute deité,
    Fane, lequel (impie iniquité !)
    L'irreverente ignorance prophane.

    Donc moy qui suis de si belle lumiere
    ...

  • Haute beauté dans une humble pucelle,
    Un beau parler plein de grave douceur,
    Sous blondz cheveux un avantchenu cueur,
    Un chaste sein ou la vertu se cele :

    En corps mortel une grace immortelle,
    En douceur fiere une douce rigueur,
    Eu sage esprit une gaye vigueur,
    En ame simple une sage cautele :

    Et ces beaux yeux mouveurs de mes ennuis,...

  • Amarille en se regardant
    Pour se conseiller de sa grâce
    Met aujourd'hui des feux dans cette glace
    Et d'un cristal commun fait un miroir ardent.

    Ainsi touché d'un soin pareil
    Tous les matins l'astre du monde
    Lorsqu'il se lève en se mirant dans l'onde
    Pense tout étonné voir un autre soleil.

    Ainsi l'ingrat chasseur dompté
    Par les seuls...

  • Splendeur excessive, implacable,
    Ô beauté, que tu me fais mal !
    Ton essence incommunicable,
    Au lieu de m'assouvir, m'accable :
    On n'absorbe pas l'idéal.

    L'éternel féminin m'attire,
    Mais je ne sais comment l'aimer.
    Beauté, te voir n'est qu'un martyre,
    Te désirer n'est qu'un délire,
    Tu n'offres que pour affamer !

    Je porte envie au...

  • Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
    Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
    Est fait pour inspirer au poète un amour
    Éternel et muet ainsi que la matière.

    Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
    J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;
    Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
    Et jamais je ne pleure et...

  • Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
    Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
    Verse confusément le bienfait et le crime,
    Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

    Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
    Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
    Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
    Qui font le héros lâche et...