Pour une excellente Beauté qui se mirait

Amarille en se regardant
Pour se conseiller de sa grâce
Met aujourd'hui des feux dans cette glace
Et d'un cristal commun fait un miroir ardent.

Ainsi touché d'un soin pareil
Tous les matins l'astre du monde
Lorsqu'il se lève en se mirant dans l'onde
Pense tout étonné voir un autre soleil.

Ainsi l'ingrat chasseur dompté
Par les seuls traits de son image,
Penché sur l'eau, fit le premier hommage
De ses nouveaux désirs à sa propre beauté.

En ce lieu, deux hôtes des cieux
Se content un sacré mystère ;
Si revêtus des robes de Cythère
Ce ne sont deux Amours qui se font les doux yeux.

Ces doigts agençant ces cheveux,
Doux flots où ma raison se noie,
Ne touchent pas un seul filet de soie
Qui ne soit le sujet de plus de mille voeux.

Ô Dieux ! que de charmants appas,
Que d'oeillets, de lys et de roses,
Que de clartés et que d'aimables choses
Amarille détruit en s'écartant d'un pas !

Si par un magique savoir
On les retenait dans ce verre,
Le plus grand roi qui soit dessus la terre
Voudrait changer son sceptre avecque ce miroir.

Collection: 
1621

More from Poet

  • Séjour mélancolique, où les ombres dolentes
    Se plaignent chaque nuit de leur adversité
    Et murmurent toujours de la nécessité
    Qui les contraint d'errer par les tombes relantes,

    Ossements entassés, et vous, pierres parlantes
    Qui conservez les noms à la postérité,...

  • Puisque votre Parent ne s'est peu dispensé
    De servir de victime au Démon de la guerre :
    C'est, ô belle Idalie, une erreur de penser
    Que les plus beaux Lauriers soient exempts du tonnerre.

    Si la Mort connaissait le prix de la valeur
    Ou se laissait surprendre aux...

  • Cette nuit en dormant d'un somme inquiété,
    J'ai toujours combattu de tristes rêveries,
    La clarté d'un tison dans une obscurité
    M'a fait à l'impourvu paraître des Furies.

    Près de moi la Discorde, et l'Infidélité
    Montraient leur violence en mille barbaries,
    Et...

  • fait en relief, de la main de Michel-Ange

    Ce n'est ni marbre, ni porphyre,
    Que le corps de ce beau chasseur,
    Dont l'haleine d'un mol zéphyre
    Évente les cheveux avec tant de douceur.
    En cette divine sculpture,

    On voit tout ce que la nature
    Put jamais...

  • Aux rayons du soleil, le paon audacieux,
    Cet avril animé, ce firmament volage,
    Étale avec orgueil en son riche plumage
    Et les fleurs du printemps, et les astres des cieux.

    Mais comme il fait le vain sous cet arc gracieux
    Qui nous forme d'Iris une nouvelle image,...