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    Comme un verre intact, avant l’heure
    Où le remplira l’échanson,
    Au plus léger coup qui l’effleure
    Vibre d’un sonore frisson,

    Mais pour la fugitive atteinte
    N’a plus de soupir cristallin,
    Et ne tressaille ni ne tinte
    Sans aucun heurt dès qu’il est plein,

    Le jeune cœur, vivant calice,
    Frémit plaintif au moindre appel,
    Avant...

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    Premier amour ! Parfum de la nouvelle rose !
    Sur le clavier du cœur premiers accords plaqués
    Par une main de femme insaisissable et rose ;
    Premiers souffles du vent sur la voile morose
    Qui devine la mer dans le calme des quais.

    Premières floraisons dans le verger de l’âme,
    Premiers jets d’eau montant au milieu des jardins
    Où des noces en blanc...

  • Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d’avril ces rayons caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens évanouis tu parles à mon cœur ;
    Et d’un bonheur prochain ta riante promesse
    M’apporte un...

  • Away with your fictions of flimsy romance,
         Those tissues of falsehood which Folly has wove;
    Give me the mild beam of the soul-breathing glance,
         Or the rapture which dwells on the first kiss of love.

    Ye rhymers, whose bosoms with fantasy glow,
         Whose pastoral passions are made for the grove;
    From what blest inspiration your sonnets would flow,...

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    Si mon amour était cet arbuste aux fleurs blanches,
    Ce beau lilas d’avril, la grâce du printemps ;
    Si, moi-même, j’étais l’oiseau qui dans ses branches
    Vient reposer son aile et chanter par instants ;
    Combien je gémirais si les bises sauvages
    Glaçaient la tête en fleur de mon arbuste aimé !
    Mais que je bénirais, joyeux, dans ses feuillages,...


  • Tu as encensé mes yeux de gazelle.
      Tu as exalté la musique de ma voix
    Tu t’es enivré du printemps de mon corps.
        Puis, tu as piétiné mon cœur.

  • Et puis l’Ennui nous vint qui fana sous ses doigts
    Notre Amour, cette fleur absurde et printanière
    Éclose souviens-toi, boulevard Poissonnière,
    Quand les nids commençaient à chanter sous les toits.

    On s’est bien aimé deux — à n’en plus finir — mois.
    Moi d’après ma façon, toi selon ta manière.
    Deux mois !...

  • Hélas ! qui nous dira ce que c’est que l’amour ?
    Pour moi, faible héron aux serres de vautour,
    Je me sens emporté dans le gouffre ou la nue,
    Dans l’antre ténébreux ou sur la plage nue,
    Je me sens expirer sous son bec assassin,
    Qui m’a crevé les yeux ou labouré mon sein,
    Et ne sais rien de plus ! — J’ai lu mille mémoires
    Qui traitent de l’amour ; j’ai...

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    À l’origine, seul, le Vide ténébreux
    S’étendait sans limite et dans un froid silence
    Quand soudain, plus furtifs qu’une lueur de lance,
    Saignèrent dans la nuit des éclairs douloureux.

    Puis un frisson d’angoisse, un très faible murmure
    Troubla les profondeurs de l’abîme sacré ;
    Et tout l’espace fut brusquement déchiré,
    Comme éclate en automne...

  •       Filles du Dieu de l’univers,
    Muses, que je me plais dans vos douces retraites !
    Que ces rivages frais, que ces bois toujours verts
    Sont propres à charmer les âmes inquiètes !
          Quel cœur n’oublîrait ses tourments
    Au murmure flatteur de cette onde tranquille ?
    Qui pourrait résister aux doux ravissements
          Qu’excite votre voix fertile ?...