• Si j’étais une fleur, j’ouvrirais mon calice,
    Et répandrais pour toi mes parfums les plus chers ;
    Abeille, au fond des prés, sur les coteaux déserts,
    J’irais chercher la plante au plus doux miel propice ;

    Rossignol, je voudrais à l’heure où le soir glisse,
    À l’heure du berger, parmi les rameaux verts,
    Poète ailé des bois, exhaler dans les airs,...

  •  
    Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
    Et ma voile de soie et mon jardin de lys,
    Ma cassolette d’or et ma blanche colonne,
    Mon parc et mon étang de roseaux et d’iris.

    Vous êtes mes parfums d’ambre et de miel, ma palme,
    Mes feuillages, mes chants de cigales dans l’air,
    Ma neige qui se meurt d’être hautaine et calme,
    Et mes algues et mes...

  •  
        L’espoir de vivre ailleurs des jours clairs m’abandonne
        Et je célèbre ici la fête de l’automne.

        Au-dessus de ma porte, avec un regret doux
        Et chantant, je suspends les guirlandes d’or roux

        Qu’une femme au regard que nulle mort n’étonne
        Vint tresser, en pleurant sur la mort de l’automne…

        Ma maîtresse d’hier, nous ne...

  • J'aime ton âme, car c'est elle
    Qui, sur tes traits purs, à la fois,
    En mille reflets se révèle ;
    Qui met dans tes yeux l'étincelle,
    Qui met la douceur dans ta voix...

    C'est elle qui pour moi t'inspire
    Tant d'abandon tendre et touchant ;
    Elle, qui fleurit ton sourire,
    Et qui dans tes accents soupire,
    Comme une brise ou comme un chant......

  •  
            Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
            Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
            Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
            Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
            Le soir d’été semblait un rêve oriental
                                    De rose et de santal.

            Je tremblais. De...

  • Mais je suis belle d'être aimée,
    Vous m'avez donné la beauté,
    Jamais ma robe parfumée
    Sur la feuille ainsi n'a chanté,
    Jamais mon pas n'eut cette grâce
    Et mes yeux ces tendres moiteurs
    Qui laissent les hommes rêveurs
    Et les fleurs même, quand je passe.

  • (villanelle)

    La chanson de la Bien-Aimée,
    Comme un trille d'oiseau siffleur,
    Monte dans la nuit parfumée.

    L'entendez-vous sous la ramée,
    A travers les pommiers en fleur,
    La chanson de la Bien-Aimée ?

    Comme une vivante fumée,
    Son rythme subtil et trembleur
    Monte dans la nuit parfumée.

    Et quand vient l'heure...

  • Quand j'ai pensé en vous, ma bien-aimée,
    Trouver n'en puis de si grande beauté :
    Et de vertu seriez plus estimée,
    Qu'autre qui soit, si n'était cruauté.
    Mais pour vous aimer loyaument
    J'ai récompense de tourment :
    Toutefois quand il vous plaira,
    Mon mal par merci finira.

    Dès que mon oeil aperçut votre face,
    Ma liberté du tout m'abandonna,...

  • Ha ! coeur que j'aimais tant, et qui m'as tant aimée,
    Tu mérites mon coeur, un si riche cercueil :
    Mais pour montrer que moi digne d'un si grand deuil
    Dois mourir, çà mourons d'une mort animée !

    Je ne veux de tourments avoir l'âme pâmée,
    Ni noyer mon courage aux larmes de mon oeil
    Mais me venger de tout, et plaire à mon oeil,
    M'étant contre la...

  • Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
    Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain.
    Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
    Plus souple que la vague et plus frais que l'écume.
    Le soir d'été semblait un rêve oriental
    De rose et de santal.

    Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
    Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids...