• Quand je me sens mourir du poids de ma pensée,
    Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
    D’un courage inutile affranchie et lassée,
    Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !

    Tu grondes ma tristesse, et, triste de mes larmes,
    De tes plus doux accents tu me redis les charmes :
    J’espère ! ... car ta voix, plus forte que mon sort,
    De mes...

  •  
    Le temps n’a plus d’aîles pour moi ;
    Ce vieillard, à pas lents s’avance :
    Mes jours s’envoloient près de toi ;
    Ils se traînent dans ton absence.
    Le soleil ralentit son cours :
    Je vois sans cesse la journée,
    Où tu partis environnée
    Par le cortège des amours.
    Les uns, veillant à la portière,
    Baissoient les stors officieux,
    Pour...

  • Reviens, reviens, ma bien-aimée !
    Comme une fleur loin du soleil,
    La fleur de ma vie est fermée
    Loin de ton sourire vermeil.

    Entre nos cœurs tant de distance !
    Tant d’espace entre nos baisers !
    Ô sort amer ! ô dure absence !
    Ô grands désirs inapaisés !

    D’ici là-bas, que de campagnes,
    Que de villes et de hameaux,
    Que de vallons et...

  •  
    Un morne silence
    Règne en ton réduit :
    L'heure en ton absence
    S'y traîne, et languit.
    Tandis qu'infidèle,
    Tu cours où t'appelle
    Le char du plaisir,
    Moi, sombre et farouche,
    Au pied de ta couche
    Je reviens gémir.
     
    L'horloge inactive
    Dans l'oubli s'endort.
    Sa roue est oisive,
    Son pendule est mort.
    ...

  •  
    L’absence a fait son œuvre et quand l’ai revue
    Elle m’a regardé sans douleur ni remords,
    Et j’ai cru la sentir, cette calme statue,
    S’asseoir sur le tombeau de mon bel amour mort.

    Et quand, pour la reprendre à des ressouvenances,
    J’ai voulu lui parler des bonheurs d’autrefois,
    Son cœur fut comme un puits aux vagues résonances
    Où bientôt se...

  • Élégie pour un roman

    Frêle Démon, morne prince des Songes,
    Qui n'entretiens l'âme que de mensonges,
    Si c'est de toi de qui je dois tenir
    Tout le bonheur qui me doit advenir,
    Si ton pouvoir d'une erreur favorable
    Peut adoucir l'ennui d'un misérable,
    Si la froideur et l'ombre du sommeil
    Ont la vertu de produire un soleil,
    De cent pavots...

  • Après que sur le bord du Rhône,
    Et que sur celui de la Saône
    J'ai plaint longuement ma douleur,
    Je viens aux rivages d'Isère,
    Rempli d'amoureuse chaleur,
    Lamenter ma vieille misère
    S'empirant d'un nouveau malheur.

    Car plus en moi-même je pense
    D'amoindrir mon mal par l'absence,
    Ou par l'éloignement des lieux,
    Et plus il croit...

  • En vain par les destin, redoutables enfers,
    Vos cachots sont remplis de supplices divers
    Pour punir les forfaits des criminelles âmes,
    Étant comme elles sont absentes de leur dieu,
    Cette absence les doit tourmenter en ce lieu
    Plus rigoureusement que vos fouets ni vos flammes.

    Vos roues, vos rochers, et vos coulantes eaux
    Que des filles en vain...

  • Mon coeur ne te rends point à ces ennuis d'absence,
    Et quelque forts qu'ils soient sois encore plus fort,
    Quand même tu serais sur le point de la mort
    Mon coeur, ne te rends point, et reprends ta puissance.

    Que si tant de combats te donnent connaissance
    Que tu n'es pas toujours pour rompre leur effort,
    Garde-toi de tomber en un tel déconfort
    Que...

  • Je n'ay veu qu'à regret la clarté du Soleil,
    Et rien tant soit-il beau n'a mon ame ravie,
    Depuis qu'en soupirant j'éloignay ce bel oeil,
    De qui la seule veuë est tout l'heur de ma vie.

    Les jours les plus luisants me sont obscures nuits,
    Que je passe en tristesse et complaintes funebres,
    Ne pouvant le ciel mesme, au fort de tant d'ennuis,
    Illuminer le...