Ils me diront, — pauvres fous, —
Que la terre se réveille,
Que les vents soufflent plus doux,
Qu’un ange, de sa corbeille,
Fait tomber des fleurs sur nous.
 
Ils me diront qu’au cerveau
Montent, comme les fumées
D’un vin étrange et nouveau,
...

Poet: Jules Forni

Si je suis reine au bal dans ma rote traînante,
Noyant mon petit pied dans un flot de velours ;
Je suis belle en sortant de mes grands cerceaux lourds.
Je n’ai rien à gagner dans leur prison gênante.

Voyant mes cheveux d’or ondoyer sur mes reins,
La Vénus à la...

La neige tapissait la terre
Et frangeait le toit des maisons ;
Au coin de l’âtre, solitaire,
Je regardais mes froids tisons.

Bientôt une douce parole
M’arrache à mon accablement…
« — Viens ! disait-on, car je console
» Des regrets, de l’isolement. » —...

Le soleil disparaît dans son rouge brasier,
Et le fleuve qui dort sous l’arche des nuages,
Semble un champ noir coupé par des reflets d’acier.
Vénus rit dans un fond sinistre de feuillages.

Les bruits, les pas, les voix s’éteignent. C’est la nuit.
Le crépuscule...

Oui ! les cœurs sont muets et les âmes sont sourdes.
Ce siècle est sombre ; l’air, chargé de vapeurs lourdes,
Roule, dans un brouillard confus, des hurlements
Vagues, mêlés de cris et de gémissements.
La femme pleure et meurt : l’homme pleure et s’affaisse ;
L’...

La Mélencolia se tient sur une pierre,
Le visage en sa main, cependant que le soir,
Triste, comme elle, étend son ombre sur la terre
Et qu’au loin le soleil s’éteint dans un ciel noir.

Que bâtit-on près d’elle ? Est-ce un grand monastère
Pour une foi qui meurt, ou...

Poet: Jean Lahor
YAMÎ.

Selon le rhythme lent de vers scandant ses pas,
Le Riçhi matinal traverse la pelouse.
Vers le sein d’Yamî, ta sœur et ton épouse,
Remonte, fils des Eaux ! le courant du trépas.

...

Quand le rêveur en proie aux douleurs qu’il active,
Pour fuir l’homme et la vie, et lui-même à la fois,
Rafraîchissant son âme au chant des cours d’eau vive,
S’en va par les prés verts, par les monts, par les bois ;

Refoulant dans son cœur la pensée ulcérée,
Un...

Poet: Léon Dierx

Dans une cage de bois blanc,
Où manquait l’espace à ses ailes,
On voyait un aigle vivant
Qui tenait closes ses prunelles ;

Au-dessus de lui murmuraient,
Roucoulaient, agitaient leurs têtes,
Deux colombes qui s’adoraient
Selon l’usage de ces bêtes.

...
Poet: Jean Lahor

Nous revenions, tous deux, par le triste chemin,
Qui s’emplissait déjà d’une foule pressée.
Tous avaient le pas lent et grave la pensée…
Peut-être songeaient-ils à leur tour pour demain ?

Je sondais, grave aussi, ce large flot humain,
Quand je vois une enfant par...