• Malade et seul, n’ayant pour m’aider à souffrir
    Ni les soins maternels ni l’espoir de guérir,
    Blessé d’un chaste amour, et contraint de me taire
    Comme si je brûlais d’une ardeur adultère,
    Incapable de vivre, hélas ! de plus en plus,
    J’attends venir les jours et les maux dévolus.
    Je ne chercherai pas un secours à mes peines
    Dans le fragile appui des...

  • Au petit jour voici la Jeanne
    Qui part avec sa mère-grand,
    Pour la foire de Saint-Laurent,
    A califourchon sur un âne.

    Elle entre dans ses dix-huit ans,
    Son œil de malice pétille
    La jeunesse en elle frétille ;
    Comme un carpillon au printemps.

    Pas de mines plus éveillées
    Quand, après un conte joyeux,
    Les garçons lui font les doux yeux...

  • Juda, sept fois vainqueur de la captivité,
    Attendait le Messie en son royaume austère.
    Sec était son esprit, inféconde sa terre,
    Avare son bonheur, dure sa sainteté.

    Ainsi qu’avait pleuré la fille de Jephté,
    Ployant sous le fardeau trois fois saint du mystère.
    Tout pleurant, il suivait sa route solitaire,
    Très-douloureusement riche de vérité.

    ...

  • Les pâles amoureux cherchent les frais avrils,
    Le lent vieillard s’attarde aux douceurs de l’automne ;
    Juillet, lourd aux faucheurs, mois grave où le ciel tonne,
    Mois des blés d’or, c’est toi qu’aiment les cœurs virils !

    Car la terre, oubliant les rêves puérils
    De sa virginité qu’un bruit de source étonne,
    Ne connaît pas encor ce sanglot monotone
    Que...

  • Je dis pour les cœurs ingénus
    La chanson de Marthe aux pieds nus.

    Marthe dès l’aube a quitté son aïeule ;
    Marthe aux pieds nus est au bois toute seule.

    ...

  • Les cris des chiens, les voix du cor
    Sonnent dans les bois de Ferrières ;
    L’écho de ces rumeurs guerrières
    Épouvante le frais décor.

    Les habits d’écarlate et d’or
    Resplendissent dans les clairières ;
    Les cris des chiens, les voix du cor
    Sonnent dans les bois de Ferrières.

    Les meutes ont pris leur essor,
    Et le cerf dans les fondrières...

  • Triste de quelque amour perdu,
    Rêvant aux délices passées,
    J’étais sur la terre étendu
    Parmi les bruyères froissées.

    L’ombre, en vibrant, montait dans l’air,
    Des arbres profonds vers la nue,
    Et la lune, au bord du ciel clair,
    Découvrait son épaule nue.

    Comme s’accroissait mon émoi
    De l’émoi fraternel des choses,
    Un rossignol, tout...

  • Étoile de douceur, Miroir de chasteté,
    Vase de certitude, ô merveilleuse Gerbe
    Où tendresse est liée avec austérité !

    Le Seigneur nous a dit : « Va ! fléchis ta superbe.
    L’homme est la fleur des champs qui fleurit pour un jour,
    Et ce jour est rapide et passe comme l’herbe.

    « Le puissant, tout à coup, croule comme une tour,
    Et voici, flagellé dans la...

  • La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores ;
    Terre, déjà tu te colores
    De ce sang fumant qu’elle flaire.

    L’incendie effrayant l’éclaire,
    Comme de rouges météores ;
    La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores.

    Et pour réclamer leur salaire,
    O Dieu ! dans les cieux que tu dores,
    Les vautours, sous l’...

  • Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante ;
    Elle sourit et se lamente,
    Et vous fuit et vous importune.

    La nuit, suivez-la sur la dune,
    Elle vous raille et vous tourmente ;
    Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante.

    Et souvent, elle se met une
    Nuée en manière de mante ;
    Elle est absurde, elle est charmante...