Le Parnasse contemporain/1876/La Femme pure

Étoile de douceur, Miroir de chasteté,
Vase de certitude, ô merveilleuse Gerbe
Où tendresse est liée avec austérité !

Le Seigneur nous a dit : « Va ! fléchis ta superbe.
L’homme est la fleur des champs qui fleurit pour un jour,
Et ce jour est rapide et passe comme l’herbe.

« Le puissant, tout à coup, croule comme une tour,
Et voici, flagellé dans la trombé éternelle,
Celui qui confondit la luxure et l’Amour.

« Quand l’Ange sur la mer déploîra sa grande aile,
Oiseau divin guidant la barque au léger poids,
Crois-tu qu’il prenne à bord une âme criminelle ? »

Vous avez écouté cette mystique Voix.
Vous marchez parmi nous, souriante et sereine,
Dans la sécurité de votre premier choix.

La femme impure arbore une fierté de reine.
Mais, sachant que le Temps est envieux et prompt,
Elle a peur, dans la fête où le plaisir l’entraîne.

Et le Temps ne fait point attendre son affront ;
Et, tout en la poussant à grands pas vers l’abîme,
Il dépouille sa tête et lui ride le front.

La voilà donc, avec le remords de son crime,
Seule à son foyer froid qu’Amour a déserté,
Amour qui disparaît, riant de sa victime,

Le jour où se flétrit la rose de santé.

Collection: 
1971

More from Poet

  • « Tu veux partir, ma fille ? et suivre malgré moi
    Cet Étranger rusé, sans pudeur et sans foi ?
    Pars, fille impie ; et vous, ô terribles Déesses,
    Nocturnes, aux cheveux de serpents, vengeresses !
    Suivez-la sur la nef de l’Époux triomphant,
    Furieuses et plus rapides...

  • J’aime à vous évoquer dans une chaste pose,
    Debout et les doigts joints et les yeux souriants,
    Comme au temps où, rêveur injustement morose,
    Je profitais si mal de mes beaux jours fuyants.

    Ah ! je vous ai du moins présente en ma mémoire !
    Tout, depuis le nœud bleu...

  • Par ma lèvre et mes doigts ardemment désirés,
    O tout petits cheveux échappés et rebelles
    Ébauchant sur son front des boucles naturelles
    Qu’au flexible persil un Grec eût comparés !

    Debout à son miroir, de sa main si légère
    Elle prenait plaisir à vous friser encor,...

  • Aimer d’un grand amour une grande beauté
    N’est point un culte faux et te garde du blâme,
    Si ton cœur, attendri par cet amour, s’enflamme
    D’un zèle universel de sainte charité.

    La Grâce peut vouloir qu’un Ange ait emprunté
    Pour ton salut les traits d’une angélique...

  • Ne me reprochez pas, Mesdames, d’être épris
    Du chapeau printanier qu’on porte cette année ;
    Car je l’ai vu posé sur des cheveux chéris
    Et la tête que j’aime en est gaîment ornée.

    La tresse de bluets et de coquelicots,
    Qui retombe et se mêle avec la chevelure,...