Oui ! cette plainte échappe à ma douleur :
        Je le sens, vous m’avez perdue.
Vous avez, malgré moi, disposé de mon cœur,
Et du vôtre jamais je ne fus entendue.

        Ah ! que vous me faites haïr
Cette feinte amitié qui coûte tant de larmes !
    ...

 
Brise du jour, ô vent salubre et plein de joie !
Herbe riante où l’onde en nappe se déploie,
Vallée où l’oranger sème au zéphyr ses fleurs,
Montagne aux bleus sommets, bois aux vierges senteurs,
Rivière dont les eaux baignaient nos verts domaines,
O cimes, ô...

 

Vrai sauvage égaré dans la ville de pierre,
À la clarté du gaz je végète et je meurs.
Mais vous vous y plaisez, et vos regards charmeurs
M’attirent à la mort, parisienne fière.
 
Je rêve de passer ma vie en quelque coin
Sous les bois verts ou sur les...

Poet: Charles Cros

Weland connut amèrement l’exil,
le vaillant comte souffrit de la peine,
il eut pour compagnons le chagrin et le désir,
des courses errantes par froid hivernal ; souvent il endura malheur,
après que Nithhad l’eut lié par la nécessité,
eut coupé les tendons de l’homme...

Le golfe s’argentait sous les rayons nocturnes ;
Colosses de granit penchés en forme d’urnes,
      Les rochers versaient l’ombre autour.
Dans les...

 
À MADEMOISELLE ROUSSEL

I

CELUI qui passait triomphant
Debout dans sa grâce farouche,
Sous l’or de ses cheveux d’enfant
Dont le flot attirait ma bouche,
Celui dont la feinte douceur
M’atteignit de blessures telles,
C’était...

 
« Toi qui dans l’air léger lances d’un souffle pur
La chanson de ta flûte en gammes vers l’azur
Et qui, longtemps assis devant la mer sacrée,
L’admires, tour à tour, rose à peine ou pourprée,
Quand le soleil se lève ou tombe à l’horizon ;
O toi, qui, pour...

 
À A. Préaul.

Aux bruits lointains ouvrant l’oreille,
Jalouse encor du ciel d’azur,
La momie, en tremblant, s’éveille
Au fond de l’hypogée obscur.

Elle soulève sa poitrine,
Et sent couler de son œil mort
Des larmes noires de résine
...

Mets les mains sur mon front où tout l'humain orage
Lutte comme un oiseau,
Et perpétue, ainsi qu'au creux des coquillages,
Le tumulte des eaux.

Ferme mes yeux afin qu'ils soient clos et tranquilles
Comme au fond du sommeil,
Et qu'ils ne sachent plus quand...

Ferais-je encor des vers ? Ami, j'en ai tant fait !
Plus j'enrichis ma langue, et moins je deviens riche,
Mon esprit abondant laisse ma terre en friche,
Et le vent de l'honneur n'emplit pas mon buffet.

Un poète accompli n'est plus qu'un fou parfait,
Dès qu'il...