Près de la Setch guerrière aux huttes sans clôture
Un Zaporogue dort sur la route, en travers,
Pareil aux demi-dieux dont en leurs anciens vers
Les Cobzars ont chanté l’héroïque stature.

L’or de son caftan turc et sa riche ceinture
De boue et de goudron par mépris...

« Fils, avec le Kourèn ce soir tu partiras :
Les Tatars ont brûlé sur le Don un village.
Mais avant, fils, je veux, robuste malgré l’âge,
Par moi-même éprouver la force de ton bras. »

La houppe de cheveux flotte sur leur cuir ras,
Ils déposent leurs peaux de buffle...

« Tu veux partir, ma fille ? et suivre malgré moi
Cet Étranger rusé, sans pudeur et sans foi ?
Pars, fille impie ; et vous, ô terribles Déesses,
Nocturnes, aux cheveux de serpents, vengeresses !
Suivez-la sur la nef de l’Époux triomphant,
Furieuses et plus rapides...

Un souvenir d’enfance, assoupi dans mon cœur,
Que le retour de Mars joyeusement réveille,
C’est celui d’une Enseigne où trône une bouteille
Qu’emplit, ô Cambrinus, ta fougueuse liqueur :

Caressant d’un colback haut le plumet vainqueur
(Cependant que déjà butine aux...

Sous un souffle qu’emplit l’aube des premiers temps
S’évapore la terre aux verdures nouvelles ;
L’arbre enivré s’incline aux bords des clairs étangs ;
Et les feuilles au ciel battent comme des ailes
...

Poet: Léon Dierx

L’Éternel s’ennuyait dans l’immensité vide ;
Rien n’existait. C’était le règne du Néant.
Du fond de l’Infini, gouffre morne et béant,
Un hymne répondit à son désir avide.

De ce désir, le Monde avait jailli, splendide.
Il avait dévoilé sa face en le créant,
Et...

J’ai mon sein, j’ai dans mon âme
Un désir d’amour étouffant :
Que veut mon rêve ? est-ce une femme,
Blonde et pure comme une enfant ?

Est-ce une vierge qui m’attire,
Pâle sous l’or de ses cheveux ?
J’aime et j’étouffe et ne sais dire,
Ô mon cœur fou,...

Poet: Jean Lahor

La lune luit ; le ciel est bleu ; le grillon chante ;
Nulle âme en ce moment n’a droit d’être méchante.
Tout contour s’amollit sous la douce clarté
Que dans le grand ciel bleu fait cette nuit d’été.
Les chevreuils, les faisans, les cerfs connaissent l’heure
Où dans...

J’ai reposé mon cœur avec tranquillité
Dans l’asile très-sûr d’un amour très-honnête.
La lutte que je livre au sort est simple et nette,
Et tout peut m’y trahir, non la virilité.

Je ne crois pas à ceux qui pleurent, l’âme éprise
De la sonorité de leurs propres...

Il est charmant ce paysage,
Peu compliqué, mais que veux-tu ?
Ce n’est qu’une mer de feuillage
Où, timide, à peine surnage
Un tout petit clocher pointu.

Au premier plan, toujours tranquille,
La Saône reluit au matin.
Par instants de l’herbe immobile...