• A quatre heures du matin, l'été,
    Le sommeil d'amour dure encore.
    Sous les bosquets l'aube évapore
    L'odeur du soir fêté.

    Mais là-bas dans l'immense chantier
    Vers le soleil des Hespérides,
    En bras de chemise, les charpentiers
    Déjà s'agitent.

    Dans leur désert de mousse, tranquilles,
    Ils préparent les lambris précieux
    Où la richesse de...

  • C'est l'heure exquise et matinale
    Que rougit un soleil soudain.
    A travers la brume automnale
    Tombent les feuilles du jardin.

    Leur chute est lente. Ou peut les suivre
    Du regard en reconnaissant
    Le chêne à sa feuille de cuivre,
    L'érable à sa feuille de sang.

    Les dernières, les plus rouillées,
    Tombent des branches dépouillées :
    ...

  • L'ombre s'évapore,
    Et déjà l'aurore
    De ses rayons dore
    Les toits d'alentour ;
    Les lampes pâlissent,
    Les maisons blanchissent,
    Les marchés s'emplissent
    On a vu le jour.

    De la Villette,
    Dans sa charrette,
    Suzon brouette
    Ses fleurs sur le quai,
    Et de Vincenne
    Gros Pierre amène
    Ses fruits que traîne
    Un âne...

  • Pâle matin de Février
    Couleur de tourterelle
    Viens, apaise notre querelle,
    Je suis las de crier ;

    Las d'avoir fait saigner pour elle
    Plus d'un noir encrier...
    Pâle matin de Février
    Couleur de tourterelle.

  • Fauve avec des tons d'écarlate,
    Une aurore de fin d'été
    Tempétueusement éclate
    A l'horizon ensanglanté.

    La nuit rêveuse, bleue et bonne
    Pâlit, scintille et fond dans l'air,
    Et l'ouest dans l'ombre qui frissonne
    Se teinte au bord de rose clair.

    La plaine brille au loin et fume.
    Un oblique rayon venu
    Du soleil surgissant allume
    ...

  • Le soleil du matin doucement chauffe et dore
    Les seigles et les blés tout humides encore,
    Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
    L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
    Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
    Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
    L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
    Quelque fruit de la haie ou quelque...

  • Le frais matin dorait de sa clarté première
    La cime des bambous et des gérofliers.
    Oh ! les mille chansons des oiseaux familiers
    Palpitant dans l'air rose et buvant la lumière !

    Comme lui tu brillais, ô ma douce lumière,
    Et tu chantais comme eux vers les cieux familiers !
    A l'ombre des letchis et des gérofliers,
    C'était toi que mon coeur contemplait...

  • Puisque là-bas s'entr'ouvre une porte vermeille,
    Puisque l'aube blanchit le bord de l'horizon,
    Pareille au serviteur qui le premier s'éveille
    Et, sa lampe à la main, marche dans la maison,

    Puisqu'un blême rayon argente la fontaine,
    Puisqu'à travers les bois l'immense firmament
    Jette une lueur pâle et calme que la plaine
    Regarde vaguement,
    ...

  • Moriturus moriturae !

    Le voile du matin sur les monts se déploie.
    Vois, un rayon naissant blanchit la vieille tour ;
    Et déjà dans les cieux s'unit avec amour,
    Ainsi que la gloire à la joie,
    Le premier chant des bois aux premiers feux du jour.

    Oui, souris à l'éclat dont le ciel se décore ! -
    Tu verras, si demain le cercueil me dévore,
    Un...

  • Dans l'air frais du matin où s'effare la feuille,
    Dans la jeune clarté des jours roses et bleus,
    Dans la nuit solennelle et pure où se recueille
    L'âme présente encor des bergers fabuleux,

    Dans le cristal des eaux, dans le velours des mousses
    Dans l'innocence en fleur des jardins radieux,
    Dans le concert que font toutes les choses douces,
    Je retrouve,...