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    Trois femmes à la tête blonde
    Pour une mission féconde
    Ont rayonné sur notre monde :

    Ève, la Joie et la Beauté ;
    Maria, la Virginité ;
    Madeleine, la Charité.

    Parfumés comme des calices,
    Dans la clarté, leurs cheveux lisses
    Versent d’éternelles délices.

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    Si je pouvais aller lui dire :
    « Elle est à vous et ne m’inspire
    Plus rien, même plus d’amitié ;
    Je n’en ai plus pour cette ingrate ;
    Mais elle est pâle, délicate :
    Ayez soin d’elle par pitié.

    « Écoutez-moi sans jalousie,...

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    Si j’étais Dieu, la mort serait sans proie,
    Les hommes seraient bons, j’abolirais l’adieu,
    Et nous ne verserions que des larmes de joie,
                    Si j’étais Dieu.

    Si j’étais Dieu, de beaux fruits sans écorces
    Mûriraient ; le...

  • Sonnet

    Il y a des moments où les femmes sont fleurs ;
    On n'a pas de respect pour ces fraîches corolles...
    Je suis un papillon qui fuit des choses folles,
    Et c'est dans un baiser suprême que je meurs.

    Mais il y a parfois de mauvaises rumeurs ;
    Je t'ai baisé le bec, oiseau bleu qui t'envoles,
    J'ai bouché mon oreille aux funèbres paroles ;
    ...

  • Quelle étoile nous vit donc naître, nous qui sommes
    Les voleuses de vos coeurs charmants, Enfants-rois ?
    C'est nous qui vous faisons la cour, ô jeunes hommes,
    Et vos légèretés nous sont d'atroces croix.

    En nous rien des yeux verts de l'amante fatale
    Par sa jupe épandue en mare de sang noir.
    Rien des beautés faisant que le désir détale
    Devant leurs...

  • A la pâle clarté des lampes languissantes,
    Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
    Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
    Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

    Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
    De sa naïveté le ciel déjà lointain,
    Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
    Vers les horizons bleus dépassés le matin.
    ...

  • Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
    Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers,
    Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées
    Ont de douces langueurs et des frissons amers.

    Les unes, coeurs épris des longues confidences,
    Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
    Vont épelant l'amour des craintives enfances
    Et...

  • Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles
    Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal,
    Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal
    Que juste assez pour dire : " assez " aux fureurs mâles.

    Et toujours, maternelle endormeuse des râles,
    Même quand elle ment, cette voix ! Matinal
    Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal,
    Ou beau...

  • Ô femmes, c'est pour vous que j'accorde ma lyre ;
    Ô femmes, c'est pour vous qu'en mon brûlant délire,
    D'un usage orgueilleux, bravant les vains efforts,
    Je laisse enfin ma voix exprimer mes transports.
    Assez et trop longtemps la honteuse ignorance
    A jusqu'en vos vieux jours prolongé votre enfance ;
    Assez et trop longtemps les hommes, égarés,
    Ont craint de...

  • Les femmes sont sur la terre
    Pour tout idéaliser ;
    L'univers est un mystère
    Que commente leur baiser.

    C'est l'amour qui, pour ceinture,
    A l'onde et le firmament,
    Et dont toute la nature,
    N'est, au fond, que l'ornement.

    Tout ce qui brille, offre à l'âme
    Son parfum ou sa couleur ;
    Si Dieu n'avait fait la femme,
    Il n'aurait pas...