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    Adieu! mot qu'une larme humecte sur la lèvre ;
    Mot qui finit la joie et qui tranche l'amour ;
    Mot par qui le départ de délices nous sèvre ;
    Mot que l'éternité doit effacer un jour!

    Adieu!.... Je t'ai souvent prononcé dans ma vie,
    Sans comprendre, en quittant les êtres que j'aimais,
    Ce que tu contenais de tristesse et de...

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    Vous que j’ai tant aimé, ô vous dont l’œil m’évite,
    Si le hasard encor me plaçait sur vos pas,
    Tremblante, à mes regards ne fuyez pas si vite,
             De moi ne vous détournez pas.

    Ne vous détournez pas ! Dans sa noble innocence,
    Mon cœur s’étonne et souffre au trouble où je vous voi.
    Si d’un trop haut amour la femme un jour s’offense,...

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    Quand l’être cher vient d’expirer,
    On sent obscurément la perte,
    On ne peut pas encor pleurer :
    La mort présente déconcerte ;

    Et ni le lugubre drap noir,
    Ni le dies irae farouche,
    Ne donnent forme au désespoir :
    La stupeur clôt l’âme et la bouche.

    Incrédule à son propre deuil,
    On regarde au fond de la tombe,
    Sans rien...

  • Ne t’en va pas, reste au rivage ;
    L’amour le veut, crois-en l’amour.
    La mort sépare tout un jour :
    Tu fais comme elle ; ah ! quel courage !

    Vivre et mourir au même lieu,
    Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

    Quitter l’amour pour l’opulence !
    Que faire seul avec de l’or ?
    Si tu reviens, vivrai-je encor ?
    Entendras-tu dans mon...

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    Je pars. Le vaisseau superbe
    Qui m’emportera demain
    Comme un sanglier dans l’herbe
    Dort, puissant, calme et hautain.
    Trouverai-je la tempête ?
    Le cyclone, cet enfer ?
    Qu’importe ! c’est une fête
    De s’évader sur la mer.

     
    Je vais dans une île verte
    Que couronnent les volcans ;
    Cette île n’est pas déserte :
    On y vit...

  • Partir, c’est mourir un peu,
    C’est mourir à ce qu’on aime :
    On laisse un peu de soi-même
    En toute heure et dans tout lieu.

    C’est toujours le deuil d’un vœu,
    Le dernier vers d’un poème ;
    Partir, c’est mourir un peu,
    C’est mourir à ce qu’on aime.

    Et l’on part, et c’est un jeu,
    Et jusqu’à l’adieu suprême
    C’est son âme que l’on sème,...

  • Le soir fraîchissait dans les roses.
    Inquiets de troubler ce charme défaillant,
    Des êtres inconnus, voluptueusement,
    Atténuaient les choses
    De voiles hyacinthes, semblables à des mers.
    Tout s'effaçait en un calme silence,
    Et devenait l'imperceptible hier.
    Des choses qui mouraient paraissaient immortelles,
    D'autres, languissamment, s'exhalaient dans...

  • Oui, j'ai quitté ce port tranquille,
    Ce port si longtemps appelé,
    Où loin des ennuis de la ville,
    Dans un loisir doux et facile,
    Sans bruit mes jours auraient coulé.
    J'ai quitté l'obscure vallée,
    Le toit champêtre d'un ami ;
    Loin des bocages de Bissy,
    Ma muse, à regret exilée,
    S'éloigne triste et désolée
    Du séjour qu'elle avait choisi.
    ...

  • Quand l'être cher vient d'expirer,
    On sent obscurément la perte,
    On ne peut pas encor pleurer :
    La mort présente déconcerte ;

    Et ni le lugubre drap noir,
    Ni le dies irae farouche,
    Ne donnent forme au désespoir :
    La stupeur clôt l'âme et la bouche.

    Incrédule à son propre deuil,
    On regarde au fond de la tombe,
    Sans rien comprendre à...

  • Jeunesse, adieu ! Car j'ai beau faire,
    J'ai beau t'étreindre et te presser,
    J'ai beau gémir et t'embrasser,
    Nous fuyons en pays contraire.

    Ton souffle tiède est si charmant !
    On est si beau sous ta couronne !
    Tiens ! Ce baiser que je te donne,
    Laisse-le durer un moment.

    Ce long baiser, douce chérie,
    Si c'est notre adieu sans retour,...