Edmond Haraucourt

  • Partir, c’est mourir un peu,
    C’est mourir à ce qu’on aime :
    On laisse un peu de soi-même
    En toute heure et dans tout lieu.

    C’est toujours le deuil d’un vœu,
    Le dernier vers d’un poème ;
    Partir, c’est mourir un peu,
    C’est mourir à ce qu’on aime.

    ...

  • Les plus beaux vers sont ceux qu’on n’écrira jamais,
    Fleurs de rêves dont l’âme a respiré l’arôme,
    Lueurs d’un infini, sourires d’un fantôme,
    Voix de plaine que l’on entend sur les sommets.

    L’intraduisible espace est hanté de poèmes,
    Mystérieux exil, Eden, jardin...

  •  

    C’est une vaste mer sans mouvement, qui dort
    Sous l’immensité blême et terne d’un ciel mort.

    Les voix folles du vent, d’un seul coup, se sont tues.
    Les flots polis et bleus ont l’air de leurs statues.

    Un hiver indicible a congelé les flancs
    Des vagues qui...