Camille Saint-Saëns

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    La mer tente ma lyre avec ses épouvantes,
    Ses caresses de femme et ses goëmons verts.
    O mer trois fois perfide ! alors que tu me hantes
    Sur mon indignité j’ai les yeux grands ouverts.

    Je pourrais comme un autre en alignant des rimes
    Dire ton glauque azur...

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    Gloire de la Musique et de la Tragédie,
    Muse qu’un laurier d’or couronna tant de fois,
    Oserai-je parler de vous, lorsque ma voix
    Au langage des vers follement s’étudie ?

    Les poètes guidés par Apollon vainqueur
    Ont seuls assez de fleurs pour en faire une...

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    Pierre, je t’ai vu naître et de ta jeune gloire
    J’aimerais à fêter les lauriers radieux.
    D’où vient donc ton silence et quelle est l’humeur noire
    Qui fait plier ton aile et te ferme les cieux ?

    Je la connais ; je sais qu’une triste chimère
    A toujours...

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    Jeune homme heureux à qui tout sourit dans la vie,
    Garde bien ton bonheur !
    Tu n’as jamais connu la haine ni l’envie ;
    ...

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    Ah ! tu veux échapper à mes vers, misérable !
                            Tu crois les éviter.
    Ils sont comme la pluie : il n’est ni Dieu ni Diable
                            Qui les puisse arrêter.

    Ils iront te trouver, franchissant les provinces...

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    L’Alhambra, qu’ont bâti les enfants du prophète,
    Contre la vétusté vaillamment se défend.
    Il est toujours paré comme pour une fête ;
    On dirait qu’il espère : on dirait qu’il attend.

    Qui sait—(toujours l’Islam agrandit son empire !)
    Si les fils de Mahom,...

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    Il est beau de passer la stature commune ;
                     Mais c’est un grand danger :
    Le vulgaire déteste une gloire importune
                     Qu’il ne peut partager.

    Tant qu’on a cru pouvoir vous tenir en lisière
                     Dans un niveau moyen,...

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    L’Irlande t’a donnée à nous. Ta gloire est telle
    Qu’un double rayon brille à ton front : Astarté,
    Aussi belle que toi, ne savait qu’être belle ;
    Sapho qui t’égalait n’avait pas ta beauté.

    Tu chantes, comme vibre une forêt superbe
    Qu’agite la fureur des...

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    Tu m’as persécuté toujours dans ta colère ;
                         Tu n’as pas pardonné,
    O Vénus ! qu’au grand art, à l’étude sévère
                         Mon cœur se fût donné ;

    Et tu m’as mis au flanc la chimère éternelle
                         De l’Idéal rêvé...

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    Te souviens-tu de la tonnelle
    Où nous déjeunâmes si bien ?
    De l’étincelante prunelle
    De la servante, et de son chien ?

    De l’omelette savoureuse ?
    De notre langage indiscret ?
    De la route au soleil poudreuse
    Et des chênes de la forêt ?

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