Nature de rêveur, tempérament d’artiste,
Il est resté toujours triste, horriblement triste.
Sans savoir ce qu’il veut, sans savoir ce qu’il a,
Il pleure ; pour un rien, pour ceci, pour cela.
Aujourd’hui c’est le temps, demain c’est une mouche,
Un rossignol...

 
I

Sous le regard de Dieu, ce témoin taciturne,
Dix ans — déjà dix ans ! — ont renversé leur urne
Dans ce tonneau sans fond qu’on nomme Éternité,
Depuis que, délaissés dans leur tombe anonyme,
A tous les carrefours, sous le pavé sublime,
Gisent les...

Au citoyen Élie MAY.

Le peuple sent qu’il est trahi,
C’est trop aboyer à la lune.
L’Hôtel de Ville est envahi,
Paris, proclame ta Commune !

A-t-on pris à Sainte-Périne
Tous ces dictateurs impotents ?
Leur ton dolent, leur voix chagrine...

 
Je disais l’an passé : voici le jour de fête,
Charles m’attend : je veux, ceignant de fleurs ma tête,
M’offrir avec ma fille à son premier coup d’œil ;
Quand ce jour reviendra, ramené par l’année,
Si je lui porte un fils, fruit de notre hyménée,
Mon bonheur...

Poet: Victor Hugo

Je me disais : — Cet homme est-il un saltimbanque ?
Ne faut-il pas le plaindre ? Est-ce un sens qui lui manque ?
Il ne comprend donc pas ? Est-ce un aveugle-né ?
Un bègue ? Un sourd ? D’où vient que ce triste obstiné
Méconnaît tout génie et toute gloire, et rampe,
...

Poet: Victor Hugo

 
I

Abel, doux confident de mes jeunes mystères,
Vois ; Mai nous a rendu nos courses solitaires.
Viens à l'ombre écouter mes nouvelles amours ;
Viens. Tout aime au printemps et moi j'aime toujours.
Tant que du sombre hiver dura le froid empire,
Tu sais...

 
Jeune homme sans mélancolie,
Blond comme un soleil d’Italie,
Garde bien ta belle folie.
 
C’est la sagesse ! Aimer le vin,
La beauté, le printemps divin,
Cela suffit. Le reste est vain.
 
Souris, même au destin sévère !
Et quand...

X

Dans les vieilles forêts où la sève à grands flots
Court du fût noir de l’aulne au tronc blanc des bouleaux,
Bien des fois, n’est-ce pas ? à travers...

Poet: Victor Hugo

Qu’il est doux d’être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d’été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l’herbe fleurie.
Et moi, silencieux,...

 
Tu n’as jamais sondé des yeux l’immensité
De nos bois giboyeux, de nos fertiles plaines ;
Notre fier Saint-Laurent n’a jamais reflété
Ta voile dans les plis de son grand flot bleuté.
Et tu t’épris pourtant des plages canadiennes.

Tu chéris le passé qu’avec...