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    Dieu ne frappe qu’en haut. Infimes que nous sommes !
    Oh ! Disais-je, qu’ils sont heureux, tous ces grands hommes !
    Eschyle a son exil et Job a son fumier.
    Caton est le lion, le sort est le limier.
    C’est le fier ornement de la guerre civile,
    Que tous ces grands bannis qui vont de ville en ville.
    Verser son âme au monde et son sang aux pavés,
    C’...

  • A quatre, un gigot de six livres,
    Chacun trois litres, c'est gentil.
    Mais nous ne sommes pas ivres.
    Nous, ivres ?
    Qui le dit a menti. (bis)

    Tout en cassant une croûte,
    Le dernier broc a sauté ;
    Et maintenant nul ne doute
    De notre capacité.
    Si ma langue est babillarde,
    C'est qu'en versant l'argenteuil,
    J'en ai reçu, par...

  •  
    Ma douce, nous étions comme deux exilées,
    Et nous portions en nous nos âmes désolées.

    L’air de l’aurore était plus lancinant qu’un mal…
    Nul ne savait parler le langage natal…

    Alors que nous errions parmi les étrangères,
    Les odeurs du matin ne semblaient plus légères.

    …Lorsque tu te levas sur moi, tel un espoir,
    Ta robe triste était de la...

  • Nous sommes bien faits l’un pour l’autre ;
    Pourtant quand tu me rencontreras
    Menant mes derniers embarras
    D’homme grave et de bon apôtre,
    Ruine encore de chrétien,
    Philosophe déjà païen,

    Lourd de doctrine et de scrupule,
    (Le tout un peu décomposé)
    Mais au fond très bien disposé
    Pour la popine et la crapule,
    En un mot, sot entre les...

  •  
    Nous sommes les proscrits ; nous habitons l’abîme ;
    Nous assistons dans l’ombre au vil bonheur d’un crime ;
    Nous regardons l’esprit vaincu par l’animal,
    Et l’infâme baiser de la fortune au mal ;
    Nous voyons des heureux qui sont des misérables ;
    Nous parlons entre nous des choses vénérables,
    De la liberté morte et du peuple trahi ;
    Nous sommes...

  •  
    Nos yeux se sont ouverts dans une aube d’alarmes ;
    Les pas de la déroute et les lourds soubresauts
    Des fourgons étrangers secouaient nos berceaux,
    Les places s’emplissaient de prisonniers sans armes...

    Ce fut un été rouge, et puis ce fut l’hiver,
    Cet hiver où l’on vit tant de sang sur la neige,
    Où toutes, l’une après l’autre, prises au piège,
    ...

  • Nous sommes tes grands parents.
    Les grands,
    Couverts des froides sueurs
    
De la terre et des verdures.
    Nos vins secs avaient du cœur.
    
Au soleil sans imposture

    Que faut-il à l’homme ? Boire…

    Moi. — Mourir aux fleuves barbares.

    Nous sommes tes grands parents

    Des champs…
    L’eau est au fond des osiers…

    Vois le courant du fossé...

  • Regarde au fond de nous : nous sommes l'Emeraude
    Eternelle, et feuillue, et qui semble une mer,
    Où rôdent des parfums à travers la nuit chaude,
    Où circule le flot des grands anges de l'air.

    Nous sommes la forêt énorme et murmurante,
    Pleine d'ombre éblouie et de sombre splendeur,
    Qui respire et qui vit, où mille oiseaux d'or chantent,
    Et dont la...

  • Nous sommes en des temps infâmes
    Où le mariage des âmes
    Doit sceller l'union des coeurs ;
    A cette heure d'affreux orages
    Ce n'est pas trop de deux courages
    Pour vivre sous de tels vainqueurs.

    En face de ce que l'on ose
    Il nous siérait, sur toute chose,
    De nous dresser, couple ravi
    Dans l'extase austère du juste,
    Et proclamant d'un geste...

  • Ne jetez plus sur nous d'injures si grands sommes,
    Hommes par trop ingrats et de coeur endurci,
    Dieu n'a-t-il pas de nous comme de vous souci ?
    N'est-il pas créateur des femmes et des hommes ?

    Je sais bien qu'entre vous il y a maints prud'hommes,
    Maintes femmes y a vertueuses aussi ;
    Et l'un et l'autre sexe il n'y a nul sans si,
    Car d'une même...