• QUAND nous serons couchés dans la tombe profonde,
    Ne crois pas, mon amour,
    Que nous aurons souci de revenir au monde
    Et de revoir le jour.

    Nous nous enivrerons d’une paix trop profonde,
    D’un silence trop doux,
    Pour nous laisser reprendre à l’angoisse du monde,
    Le calme étant sur nous.

    Ne me parle donc pas, charmeresse profonde,
    D’un...

  •  
    Et les temps n’étaient plus.

                                                    En une ombre pesante
    Se figeait lentement la Vie agonisante.
    Nul bruit dans l’air obscur ; du fond du ciel béant
    Nul souffle, descendu sur le nouveau néant,
    N’a ridé l’épaisseur léthargique des ondes
    Ni réveillé l’Esprit au sein glacé des mondes.
    La neige dans les...

  •  

    Dans le parc, les oiseaux se querellent entre eux.
    Après la promenade en de sombres allées,
    On rentre ; on mange ensemble, et tant de voix mêlées
    N’empêchent pas les doux regards, furtifs, heureux.

    Et la chambre drapée en tulle vaporeux
    Rose de la lueur des veilleuses voilées,
    Où ne sonnent jamais les heures désolées !...
    Parfums persuadeurs...

  •  
    Je séjournerai au milieu des fils d’Israël et
    je n’abandonnerai point mon peuple Israël.

    Ainsi Salomon bâtit la Maison du Seigneur
    et l’acheva.

    III Rois, VI, 13-14.

    ... Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne
    soit renversée.

    Matthieu, XXIV, 2.

    Les temps sont accomplis des célestes vengeances,
    Et l’implacable...

  • Mannequin idéal, tête-de-turc du leurre,
    Eternel Féminin ! ... repasse tes fichus ;
    Et viens sur mes genoux, quand je marquerai l'heure,
    Me montrer comme on fait chez vous, anges déchus.

    Sois pire, et fais pour nous la joie à la malheure,
    Piaffe d'un pied léger dans les sentiers ardus.
    Damne-toi, pure idole ! et ris ! et chante ! et pleure,
    Amante ! Et...

  • La montagne portait sa robe d'or bruni,
    Or fragile tombant, feuille à feuille, des branches,
    Dans le chemin, parmi la foule du dimanche,
    Sur les sentiers ombreux et le gazon terni.

    Reposés de leur course à travers l'infini,
    Et doux, comme l'émoi d'une âme qui s'épanche,
    Les rayons du soleil d'octobre, en nappes blanches
    Sur le sol déjà froid,...

  • L'ETERNEL FARDEAU"

    Il est, mon frère, un meuble sombre
    Qu'en t'éveillant tu vois d'abord :
    La nuit dans ta chambre est encor, -
    Tu vois au mur la croix dans l'ombre !

    Il faut la porter tout le jour.
    Mais elle est douce, elle rayonne,
    Mais de fleurs la croix se couronne
    Pour qui la porte avec amour !

    Le Bon Dieu, de ses mains...

  • Droite en selle
    A passé
    Mad'moiselle
    Aïssé !

    Petit c?ur si joli !
    Corps banal mais alacre !
    Un colis
    Dans un fiacre.

    Ah ! les flancs
    Tout brûlants
    De fringales
    Séminales,

    Elle écoute
    Par les routes
    Si le cor
    D'un Mondor

    Ne s'exhale
    Pas encor !
    - Oh! raffale
    - Moi le corps...

  • Insondable, immuable, éternel, absolu ;
    Face de vision ; être qui toujours crée ;
    Centre ; rayonnement d'épouvante sacrée ;
    Toute-puissance ayant des devoirs et des lois ;
    Présence sans figure et sans borne et sans voix ;
    Seul, pour prunelle ayant l'immensité sereine ;
    Regardant du même oeil ce qu'un puceron traîne,
    Ce que dévore un ver, ce qu'un ciron...