QUAND nous serons couchés dans la tombe profonde,
Ne crois pas, mon amour,
Que nous aurons souci de revenir au monde
Et de revoir le jour.
Nous nous enivrerons d’une paix trop profonde,
D’un silence trop doux,
Pour nous laisser reprendre à l’angoisse du monde,
Le calme étant sur nous.
Ne me parle donc pas, charmeresse profonde,
D’un stérile réveil,
De ces espoirs sans but pour qui le triste monde
Se tord sous le soleil.
Mais plutôt, sur ton cœur, comme en la nuit profonde,
Laisse-moi reposer ;
Sans m’éveiller jamais, verse-moi d’un vain monde
L’oubli dans ton baiser,
Jusqu’au jour où, couchés dans la tombe profonde,
Tous les deux, mon amour,
Nous n’aurons plus souci de revenir au monde
Et de revoir le jour.