• Je te mets en capilotade
    Si je te prends à batailler :
    Assez longtemps le poulailler
    A souffert ta rodomontade.

    Je t’en préviens, jeune pintade,
    Comme un bourreau, sans sourciller.
    Je te mets en capilotade
    Si je te prends à batailler.

    Je te passe encor la boutade
    Et ta façon de piailler
    Qui m’empêche de travailler ;
    Mais, à...

  • A sa Muse – A Diane – A la Jeune Fille de Mégare… [1]

    A SA MUSE

    Pourquoi pleurer, ma Muse, à ton premier printemps,
    Et ceindre ton beau front d’une noire tunique
    Dans des euphorbes d’or à tiges...

  •  

    Jeune homme au cœur léger., ne touche point la lyre,
    Va demander ta joie aux rêves d’ici-bas.
    La pensée est un glaive, et sa pointe déchire
    La main de l’imprudent qui ne la connaît pas.

    Au temps que Jupiter, de la voûte éthérée
    Descendait, à l’odeur de l’hécatombe en feu,
    Quelqu’un vit, sur l’autel, dans la coupe dorée,
    Un reste de nectar...

  •  
    S’il est une heure fortunée
    Parmi nos heures d’ici-bas,
    Une heure de paix couronnée,
    Et de trêve à nos vains débats,

    C’est l’heure, entre toutes bénie,
    Où la strophe aux fraîches senteurs,
    Pour nous, au vent de l’harmonie,
    S’épanouit en vers chanteurs ;

    C’est l’heure où quelque âme inconnue,
    Sœur par l’accent et par le luth,...

  • Ami, vous avez beau, dans votre austérité,
    N’estimer chaque objet que par l’utilité,
    Demander tout d’abord à quoi tendent les choses
    Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ;
    Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun
    Comme l’aiguille au nord faire tourner chacun ;
    Il est dans la nature, il est de belles choses,
    Des rossignols oisifs, de...

  • Quand je fis connaissance avec votre famille,
    À Marbœuf, au jardin de son cèdre si fier
    (Ce souvenir pour moi semble dater d’hier),
    Madame, vous n’étiez qu’une petite fille.

    Je revins ; vous grimpiez encor sur les genoux,
    Mais déjà dans votre œil brillait un feu plus tendre ;
    La curiosité qui cherchait à comprendre
    Rendait vos jeux d’enfant moins...

  • XXVIII

    Voyez-vous, un parfum éveille la pensée.
    Repliez, belle enfant par l’aube caressée,
    Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon,
    Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon,
    Et puis écoutez-moi. — Dieu fait l’odeur des...

  • (Traduit d’Anacréon.)

    La fille de Tantale, en sa forme nouvelle,
    Sur les bords phrygiens devint pierre, dit-on ;
    Et les dieux ont donné le vol de l’hirondelle
    À la fille de Pandion.

    Que je sois ton miroir, pour que vers moi sans cesse
    Tu penches ton beau front orné par les amours !
    Que je sois ta tunique, ô ma blanche maîtresse,...

  •  

    Pourquoi, tout à coup, quand tu joues,
    Ces airs émus et soucieux ?
    Qui te met cette fièvre aux yeux,
    Ce rose marbré sur les joues ?

    Ta vie était, jusqu’au moment
    Où ces vagues langueurs t’ont prise,
    Un ruisseau que frôlait la brise,
    Un matinal gazouillement.

                                *

    Comme ta beauté se révèle
    Au-...

  •  
    Si j’étais jeune fille, et si, dans ma saison,
    J’étais belle et poëte,
    Pour chanter, j’aimerais mieux un nid de pinson
    Qu’un trépied de prophète ;
    Je saurais peu quel vent pousse l’humanité
    Et quel trône vacille ;
    Mais je dirais son nom à chaque fleur, l’été,
    Si j’étais jeune fille.

    Je n’aurais jamais lu nos apôtres nouveaux ;
    ...