Qui donc frappe à cette heure ? — Un voyageur si las
Qu’il ne pourrait pas faire un pas de plus. — Hélas !
Entre, j’ai vu l’appel que ton bras faible agite ;
Et dis ce qu’il te faut, tu l’auras. — Rien qu’un gîte,
Rien qu’un lit. — Mais d’abord qu’un feu clair &...

Poet: Léon Valade

Le front a des blancheurs mates de cire vierge,
Car il est ignorant des choses du Malin,
Et l’âme transparaît sous la robe de lin
Comme à travers l’albâtre une flamme de cierge.

Le pied, chaussé de vair, de l’arabesque émerge,
Et la nuque, appuyée au nimbe d’argent...

La Satiété dort au fond de vos grands yeux ;
En eux plus de désirs, plus d’amour, plus d’envie ;
Ils ont bu la lumière, ils ont tari la vie,
Comme une mer profonde où s’absorbent les cieux.

Sous leur bleu sombre, on lit le vaste ennui des Dieux,
Pour qui toute...

La matière & la forme étaient encor futures.
Le Seigneur désira l’amour des créatures ;
Il fit l’Éden, le lieu magnifique & charmant,
Disant : « L’Homme y vivra dans le contentement
De respirer mon souffle & de voir ma lumière. »
Et, du pied, le Seigneur...

L’âme est en nous gênée, immobile, plaintive ;
Son aile est repliée, hélas ! & s’il arrive
Parfois que le regret du ciel éblouissant
La prenne, & que l’essor la tourmente, elle sent
Se rétrécir soudain la geôle accoutumée,
Et c’est comme un oiseau dans une...

Poet: Jean Aicard

Comme un agonisant caché, les lèvres blanches,
Sous les draps en sueur dont ses bras & ses hanches
Soulèvent par endroits les grands plis distendus,
Au fond du bloc, taillé brusquement comme un arbre,
On devine, râlant sous le manteau de marbre,
Le géant qu’il...

Sur l’ais noir incrusté de nacre orientale,
Lourd comme un rituel du saint rite romain,
L’armoriai d’Espagne, en double parchemin
D’Alcoy, relié d’or, tout grand ouvert s’étale.

Une arabesque bleue aux rinceaux de carmin,
Plus éclatante qu’un vitrail de cathédrale...

C’est le soir, le couchant allumant ses fournaises
Semble un fondeur penché qui ravive des braises ;
Comme un bouclier d’or à la forge rougi,
Par un brouillard sanglant le soleil élargi
Plonge dans un amas de nuages étranges
Qui font traîner sur l’eau la pourpre de...

Sur le fleuve d’oubli, feuillages d’or séchés,
Tous nos moments heureux s’en vont loin de nos rives.
Le temps disperse au loin les heures fugitives
Ainsi qu’un tourbillon d’oiseaux effarouchés.

Mordons à belles dents aux fruits sur nous penchés ;
Laissons-nous...

Sakhar, fils de Sharîd, homme plein de vaillance,
Dans un combat reçut au flanc un coup de lance ;
La blessure n’était point bonne, &, dans son lit,
Depuis un an bientôt tristement il languit.

Sa femme, qui le soigne & qui le quitte à peine,
Y trouve tant d...