Théodore de Banville

  •  
    Près du ruisseau, sous la feuillée,
    Menons la Muse émerveillée
    Chanter avec le doux roseau,
    Puisque la Muse est un oiseau.

    Puisque la Muse est un oiseau,
    Gardons que quelque damoiseau
    N'apprenne ses chansons nouvelles
    Pour aller les redire aux...

  •  

    Le Poète sentant son âme ouvrir ses ailes
             Pour s’envoler enfin,
    S’enchantait de gravir les cimes éternelles
             Et de n’avoir plus faim.

    Des souvenirs confus et des heures fanées
             Où l’espoir avait lui,
    Comme des compagnons de...

  • Une nuit, j'ai rêvé que l'Amour était mort.
    Au penchant de l'Œta, que l'âpre bise mord,
    Les Vierges dont le vent meurtrit de ses caresses
    Les seins nus et les pieds de lys, les chasseresses
    Que la lune voit fuir dans l'antre souterrain,
    L'avaient toutes percé de...

  •  

    Même en deuil pour cent trahisons,
    À vos soleils nous embrasons
    Nos cœurs meurtris, jeunes saisons !

    Ô premières roses trémières !
    Ô premières amours ! Premières
    Aurores, aux riches lumières !

    Malgré l’hiver et les autans,
    Ressuscitent,...

  •  

    Le Carnaval s’amuse !
    Viens le chanter, ma Muse,
    Sur un rhythme gaillard
    Du bon Ronsard !

    Et d’abord, sur ta nuque,
    En dépit de l’eunuque,
    Fais flotter tes cheveux...

  •  
    Qui faut-il plaindre, ceux qui meurent
    ou ceux qui combattent ? Sans doute, c’est triste
    de voir un poète de vingt ans qui s’en va, une
    lyre qui se brise, un avenir qui s’évanouit ;
    mais n’est-ce pas quelque chose aussi que le repos ?
    Victor Hugo, ...

  •  
    Elle cueille des marguerites et les effeuille pour s’assurer de l’amour de Loys.
    Théophile Gautier, Giselle, acte I, scène IV.

    Mon Loys, j’ai sous vos prunelles,
    Oublié, dans mon cœur troublé,
    Mon époux qui s’en est allé
    Pour combattre...

  • Partout la neige. Au bout du sinistre chemin
    Que troublait seul le bruit de ce pas surhumain,
    C'était un bois sauvage éclairé par la lune.
    Pas une seule place où la terre fût brune,
    Et, pareil à ce voile effrayant qui descend
    Au pied des morts, le blanc linceul...

  •  
          Nous avons vu ce mois d’Avril
          Engourdi par un froid subtil :
          Le printemps était en péril.

          Enfin, tout se métamorphose !
          Mai, comme un jeune sein, arrose
          De pourpre le bouton de rose.

          Le vieil Hiver est aux...

  •  
    Tu as loué Leïla en rimes qui, par leur enchaînement, donnent l’idée d’une étoffe rayée d’Yémen.
    Traduction d’un poème arabe, Notes des Orientales.

    Il semble qu’aux sultans Dieu même
    Pour femmes donne ses houris.
    Mais, pour moi, la vierge...