Odilon-Jean Périer

  • Joie ardente, corps nouveau
    Hors des vagues de la danse
    Vive enfin ta violence
    Ton orgueil et tes sursauts !

    Ah, mon plaisir ! Il te faut
    Adorer avec silence,
    Tout cet été qui s'élance
    Qui s'épuise dans les eaux !

    C'est le rôle de ma vie...

  • Tu ne t'es plus, Seigneur, assis à cette table.
    Aussi impatient de passer que le sable,
    parce que je suis seul je parle du bonheur.
    Ayant mangé ces fruits, je goûte la liqueur.

    Ma récompense fut la grandeur de l'attente.
    L'orage peut noyer les routes éclatantes...

  • Comme parle et se tait une fille des hommes
    Comme de grands secrets sont formés par son corps
    Quel étrange plaisir, à cette heure où nous sommes
    Aussi libres de tout que les esprits des morts,

    Aussi légers, abandonnés, sûrs de nous-mêmes,
    Aussi loin de la vie...

  • Je fis ce masque pour mes frères
    Avec l'or que j'avais volé
    (Dieu des chanteurs, ami sévère)
    A ma vieille sincérité.

    Que leurs dédains m'ont réjoui !

    - Toute ma vie agenouillée.
    Un dieu s'y est épanoui
    Comme une rivière emportée.

    On...

  • Désireux de tenir l'été dans ma demeure
    je tue un lièvre gras et l'emporte au cellier.
    Le goût de la saison s'y cache tout entier
    avec l'odeur de l'herbe et ses voix les meilleures.

    Sans doute, ce trésor sera bientôt pillé
    et comme des raisins les mouches...

  • Grande bête dorée, Amour couleur de femme
    Les bras ouverts, debout au milieu du chemin
    Que faites-vous de moi dans cette blanche flamme ?
    Soutiendrais-je longtemps son éclat inhumain ?

    Laissez donc ma sagesse étendre un peu ses ailes,
    Passer ce bel oiseau sur...

  • Ô corps tout secoué de prochaines musiques !
    Lié contre la table où pèse ton sang noir,
    laisse-toi transporter d'un rire dramatique
    et de honteuse ardeur embellis ton espoir.

    Fils indigne de l'or natal, apôtre étrange,
    je désire la mer mon patrimoine bleu ;...

  • La Ville est dans ma chambre
    Ce fauteuil est un port.
    Avez-vous vu mes lampes
    Mes mâts et mes bateaux ?

    Le tabac et les vagues
    Chantantes du ciel noir,
    Le jeu, le bruit des algues
    Aux vitres, mes miroirs,

    Tout m'y plaît, m'y agrée :
    ...

  • La vie est simple. Je dis
    Que nous ignorons sa grâce,
    Masque transparent, visage
    Ridicule, tu souris.

    Toi, frère des champs, merci :
    La vie est à ton image.
    Parle donc, pour être un sage.
    Soyons plus forts que l'ennui.

    J'enferme les...

  • Ma chambre garde au coeur une vertu glacée ;
    ce soir d'hiver je suis son plus rude ennemi.
    Mais je puise une faim de victoire et de cris
    dans le silence même où elle est enfoncée.

    Sans peur, sans joie, avec une voix mesurée,
    mûrie et nourrissante à la façon des...