La Cène

Tu ne t'es plus, Seigneur, assis à cette table.
Aussi impatient de passer que le sable,
parce que je suis seul je parle du bonheur.
Ayant mangé ces fruits, je goûte la liqueur.

Ma récompense fut la grandeur de l'attente.
L'orage peut noyer les routes éclatantes :
admirable tu vins dans ma jeune saison
par les portes d'Avril et le rude gazon.

- J'impose à mon plaisir cette cause pieuse.
Car ces mois sont pareils aux eaux tumultueuses
où l'arbre plein d'amour retombe convulsé.

Qu'ils coulent ! Je prévois l'abondance future,
et dans tous les vergers je ressens le murmure
d'une arche qui s'ébranle aux confins de l'été.

Collection: 
1915

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Le sable et les arbres jouaient
A m'égarer
Le vent et les oiseaux jouaient au plus léger
Plaisir des dunes
Une canne de jonc
Une cravate Un papillon
Écume de mer Pipe d'écume
Avec l'amitié pour enjeu

Ces jeunes gens ne sont pas sérieux

Les rues et les verres vides
La grande fraîcheur des mains
Rien de cassé Rien de sali Rien d'inhumain

Cordialement bonjour, bonsoir
Je suis paresseux tu vois
En bonne santé

A la santé du paysage
L'amateur de rues aérées
Si vous voulez que je vous...

Sortons. J'ai entendu des Dryades profondes,
Lamentantes redire aux hommes de l'été
(Comme de grandes eaux amoureuses qui grondent)
Quel amour il faudrait à leur avidité.

Est-ce vous sur ce banc ma Muse vagabonde,
Coudes au corps, les mains ouvertes, l'air brisé ?...

On meurt dans la pluie.
La Douleur du Nord
Aime ce décor
En saisons pourries.

Pégase y est mort
Une nuit de pluie.
Pourquoi, Poésie,
Ce cri vers le Nord ?

Les ailes cassées
Dans des cheminées
Saigne l'ange lourd :

Ô ville...

Ô douleur chevelue adossée au comptoir
Du vieux cabaret où je fume
Belle dame dorée emprisonnant le soir
Dans cette lyre qui s'allume

Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
Les limonades, les liqueurs,
A l'aimable madère et aux honteuses menthes
...