Odilon-Jean Périer

  • Écoutez-moi si vous m'aimez :
    Je suis sauvé lorsque je chante ;
    Et toi, surtout, que j'ai formé
    De ma plus douce voix vivante :
    Tes beaux cheveux bien éclairés
    Comme le feu dans la poussière
    Te font pareil aux oliviers,
    Tes mains connaissent un mystère...

  • Tout contribue au philtre où baigne le poète.
    Cette chambre elle-même a des vertus secrètes.
    Ne me détrompez pas : tenu par son odeur
    je trouve à votre sang une étrange vigueur.

    Plions ce jaune corps à des songes pratiques !
    Moi ne tolérant pas qu'une maigre...

  • Ah ! ne me soyez plus, orgueil, d'aucun secours.
    Cet hiver épuisant me laisse trop sincère
    et j'ordonne avant tout une force sévère
    à mon coeur fatigué d'inutiles détours.

    Il ne me reste plus qu'un misérable amour
    et le secret de l'Ange égaré sur la terre ;...

  • Ton visage est le mot de la nuit étoilée
    Un ciel obscur s'ouvre lentement dans tes bras
    Où le plaisir plus vain que la flamme argentée
    Comme un astre brisé brille et tremble tout bas

    Vivante, conduis-moi dans ce nocturne empire
    Dont l'horizon mobile enferme...

  • La pluie fait une ville
    Difficile à aimer
    Point du jour Point du soir
    Et pointe du plaisir.
    Des goûts et des couleurs
    Plus vives que jamais...
    Ainsi la pluie me parle
    Au coeur

    Ô patrie légère
    Ô maison de fil
    Mes amis, mes frères
    ...

  • Je ne chanterai pas très haut ni très longtemps.
    C'est à mon plaisir seul, à vous que je m'attends
    Égalité du coeur, honnête poésie.
    Je n'ai rien de meilleur que cette humeur unie,
    J'éprouve la couleur le grain de mon papier
    Et l'incertain trésor que j'y viens...

  • Muse des champs je vous rejoins.
    Ouvrez votre aile, mon amie,
    nous allons conquérir la pluie
    et mille foudres dans les foins.

    Ce minuit pâle, je l'accueille,
    où le peuplier des jardins
    hésite, se plie, et soudain,
    pêche la lune au ras des feuilles....

  • Chaque jour un oiseau rencontre ce garçon
    Aux yeux baissés, qui se promène sous les arbres,
    Vers la nuit, qui n'est pas plus gai que de raison
    Ni triste, - mais l'oiseau l'écoute qui se parle :

    Il ne regarde pas les hommes dans la rue,
    Leurs yeux pâles (dit-il...

  • Amour, je ne viens pas dénouer vos cheveux.
    Déserte, toute armée, inutile étrangère,
    Je vous laisse debout dans un peu de lumière
    Et je garde ce corps pur et mystérieux.

    Mais pardonnerez-vous ce merveilleux ouvrage ?
    Vous perdez un trésor à suivre mon conseil...

  • Corps violent, redoutable, honteux,
    Corps de poète habitué aux larmes,
    Qui te secoue ainsi, qui te désarme ?
    (Bruxelles dort orné de mille feux)

    Dans le pays de la bonne souffrance
    (Rappelle-toi cette maison des champs)
    Archange infirme ivre de ton silence...