Henri de Régnier

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    Penses-tu que ces fleurs, ces feuilles et ces fruits,
    Et cet âpre laurier plus amer que la cendre,
    Penses-tu que mes mains pour eux les aient cueillis ?

    Si j’ai mêlé tout bas à l’onde des fontaines
    Les larmes que leur eau pleure encore aujourd’hui,
    Crois-tu...

  • Au tocsin qui sonna la fuite de Varennes
    Et qui, de cloche en cloche, alla de bourg en bourg,
    Tu portais l'épaulette et le catogan court
    Et l'uniforme vert des Dragons de la Reine.

    Ton cheval pommelé en tirant sur les rênes
    Hennit dans l'air civique où grondait le...

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    L’Amour qui souriait en son bronze d’or clair
    Au centre du bassin qu’enfeuille, soir à soir,
    L’automne, a chancelé en se penchant pour voir
    En l’onde son reflet lui rire, inverse et vert.

    Le prestige mystérieux s’est entr’ouvert ;
    Sa chute, par sa ride, a...

  • Avec son perroquet, sa chienne et sa négresse
    Qui lui tend le peignoir et sèche l'eau du bain
    A son corps qui, plus blanc sous cette noire main,
    Cambre son torse souple où sa gorge se dresse,

    Elle a fait peindre aussi, pour marquer sa tendresse,
    Par humeur...

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    Le silence est peut-être une voix qui s’est tue
    Comme le dieu se tait debout en sa statue,
    Et par elle n’a plus de vivant aujourd’hui
    Que son ombre, au soleil, qui tourne autour de lui.
    Le silence est peut-être une voix qui sait tout
    Comme un dieu taciturne...

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    Ils dorment dans l’armure et couchés sur le dos,
    Leurs mains jointes, pourtant, ont l’air prêtes encore
    A l’épée, et leurs yeux que l’ombre eut peine à clore
    Goûtent sournoisement un sommeil sans repos.

    Et celui-là, debout, équestre, tout en haut
    Du pinacle...

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    1842-1898.

    Ceux-ci, las dès l’aurore et que tenta la vie,
    S’arrêtent pour jamais sous l’arbre qui leur tend
    Sa fleur délicieuse et son fruit éclatant
    Et cueillent leur destin à la branche mûrie.

    Ceux-là, dans l’onyx dur et que la veine...

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    Celui dont l’âme est triste et qui porte à l’automne
    Son cœur brûlant encor des cendres de l’été,
    Est le Prince sans sceptre et le Roi sans couronne
    De votre solitude et de votre beauté.

    Car ce qu’il cherche en vous, ô jardins de silence,
    Sous votre ombrage...

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    Le bronze grave étreint de son sommeil pesant
    Ton corps au geste las et ta face verdie ;
    Et quelle douloureuse et douce tragédie
    T’a faite la statue où tu dors à présent ?

    Le marbre de ton socle est rouge et l’on y sent
    Partout la pourpre encor d’une tache...

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    La double rampe, auprès du bassin que surplombe
    La terrasse de marbre où le buis nu serpente,
    Incurve sa montée et courbe sa descente,
    Et de la vasque en pleurs sanglote l’eau qui tombe.

    La corneille criarde et la blanche colombe
    Alternent, l’une rauque et...