Henri de Régnier

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    Emporte dans tes yeux la couleur de ses eaux.
    Soit que son onde lasse aux sables se répande
    Ou que son flot divers, mine, contourne ou fende
    La pierre qui résiste ou cède à ses travaux ;

    Car, sonore aux rocs durs et plaintif aux roseaux,
    Le fleuve, toujours...

  •  
    Ne crois pas, ô passant, à me voir, quand tu passes,
    Les mains vides, assis à mon seuil où s’enlace,
    Au-dessus de ma tête et de mes cheveux blancs,
    A soi-même le lierre égal et permanent,
    Que je ne sache plus que la terre éternelle,
    De saisons en saisons...

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    Ta robe lente, pas à pas, soulève et traîne
    Un bruit de feuilles d’or et de roses fanées,
    Et dans le crépuscule où finit la journée
    L’automne est las d’avoir entendu les fontaines.

    Si tu passes le long des eaux vastes et vaines,
    La statue, anxieuse et la...

  • Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons.
    Il est trop tard déjà pour s’asseoir au perron
    Où la mousse est humide et la pierre mouillée.
    La serrure tend à nos mains sa clef rouillée ;
    La porte s’ouvrira toute grande pour nous
    Avec un bruit d’accueil que le soir...

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    Le dauphin, le triton et l’obèse grenouille
    Diamantant d’écume et d’or Latone nue,
    Divinité marine au dos de la tortue,
    Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille ;

    La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille,
    La nappe qui décroît, se gonfle ou diminue...

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    Glorieuse, monumentale et monotone,
    La façade de pierre effrite au vent qui passe
    Son chapiteau friable et sa guirlande lasse
    En face du parc jaune où s’accoude l’Automne.

    Au médaillon de marbre où Pallas la couronne,
    La double lettre encor se croise et s’...

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    Toute la Gloire avec le glaive et l’étrier,
    Et la terre qui saigne et la mer qui écume,
    Le feutre balayant le parquet de sa plume,
    La Puissance et l’Amour, la rose et le laurier,

    De ce songe royal et de ce bruit guerrier,
    Soleil d’or qui s’efface ébloui...

  •  
    Une dernière fois reviens en mes pensées,
    O jeunesse aux yeux clairs,
    Et, dans mes mains encor, pose tes mains glacées.
    Le soir parfume l’air.

    Souviens-toi des matins où tous deux, côte à côte,
    Notre ombre nous suivant,
    Sur le sable fragile et parmi l...

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    Pour que ton rire pur, jeune, tendre et léger,
                    S’épanouisse en fleur sonore,
    Il faut qu’avril verdisse aux pousses du verger,
                    Plus vertes d’aurore en aurore,

    Il faut que l’air égal annonce le printemps
                    Et que...

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    Les hauts buis d’alentour bordent un rond-point d’eau.
    Aux angles du bassin, devant leurs ombres graves,
    La Déesse aux yeux durs et le Dieu aux yeux caves
    Tiennent l’un le trident et l’autre le marteau.

    Au centre, enseveli dans un vivant tombeau,
    Un...