Gloire de la Musique et de la Tragédie,
Muse qu’un laurier d’or couronna tant de fois,
Oserai-je parler de vous, lorsque ma voix
Au langage des vers follement s’étudie ?
Les poètes guidés par Apollon vainqueur
Ont seuls assez de fleurs pour en faire une gerbe
Digne de ce génie éclatant et superbe
Qui pour l’éternité vous a faite leur sœur.
Du culte du beau chant prêtresse vénérée,
Ne laissez pas crouler son autel précieux,
Vous qui l’avez reçu comme un dépôt des cieux,
Vous qui du souvenir êtes la préférée !
Ah ! comment oublier l’implacable Fidès
De l’amour maternel endurant le supplice,
Orphée en pleurs qui pour revoir son Eurydice
Enhardi par Éros pénètre dans l’Hadès !
Grande comme la Lyre et vibrante comme elle,
Vous avez eu dans l’Art un éclat non pareil
Vision trop rapide, hélas ! que nul soleil
Dans l’avenir jamais ne nous rendra plus belle !