Émile Verhaeren

  • Où vont les vieux paysans noirs
    Par les couchants en or des soirs
    Dans les campagnes rouges ?

    À grands coups d’ailes affolées,
    En leurs toujours folles volées,
    Les moulins fous fauchent le vent.

    Les cormorans du vieil automne
    Clament...

  • LE PÈLERIN.

    Mêlant des fleurs à des ciguës,

    Et des jurons à ses prières,
    Il trimballe, par les bruyères,...

  • Le site est floconneux de brume
    Qui s’épaissit en bourrelets,
    Autour des seuils et des volets,
    Et, sur les berges, fume.

    Le fleuve traîne, pestilentiel,
    Les charognes que le courant rapporte ;
    Et la lune semble une morte
    Qu’on enfouit...

  • Sur sa butte que le vent gifle,
    Il tourne et fauche et ronfle et siffle
    Le vieux moulin des péchés vieux
    Et des forfaits astucieux.

    Il geint des pieds jusqu’à la tête,
    Sur fond d’orage et de tempête,
    Lorsque l’automne et les nuages
    ...

  • Oh ! cette ombre de jour tombant du ciel hagard !
    Et ces feuilles jonchant le sol, de rouille et d’ambre ;
    Voici le deuil, voici la mort, voici décembre :
    Des bœufs qu’on ne voit pas meuglent dans le brouillard.

    Pauvres chaumes au bout des plaines infinies,
    Au bout...

  • Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
    Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
    Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
    Où plus que jamais douce apparut la lumière.

    On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
    Que l’aube revêtait...

  • Le passeur d’eau, les mains aux rames,
    À contre flot, depuis longtemps,
    Luttait, un roseau vert entre les dents.

    Mais celle hélas ! qui le hélait
    Au delà des vagues, là-bas,
    Toujours plus loin, par au delà des vagues,
    Parmi les brumes...

  • Au bord du toit, près des lucarnes,
    On a repeint les pigeonniers,
    Et les couleurs vives vacarment
    Depuis les seuils jusqu’aux greniers.

    Et c’est le vert, le brun, le rouge,
    Sur les pignons, au bord de l’eau,
    Et tout cela se mire et bouge
    Dans la Lys, la...

  •  
    Parmi les pommes d’or que frôle un vent léger
    Tu m’apparais là-haut, glissant de branche en branche ;
    Lorsque soudain l’orage...

  • Sur un grand ciel couleur d’ardoise et lourd

    Courent, légers comme l’étoupe,
    La petite troupe
    Des nuages d’orage.
    Le tonnerre bruit, lointain et lent ;
    D’un énorme faux jour le village s’éclaire
    Et le grand mur du...