Oh ! cette ombre de jour tombant du ciel hagard !
Et ces feuilles jonchant le sol, de rouille et d’ambre ;
Voici le deuil, voici la mort, voici décembre :
Des bœufs qu’on ne voit pas meuglent dans le brouillard.
Pauvres chaumes au bout des plaines infinies,
Au bout des bois hagards et des chemins noyés,
Avec vos vieilles gens assis près des foyers
Fumant, à petits coups, leur pipe âcre et jaunie !
Pauvres chaumes, avec l’hiver, avec le soir ;
Avec l’hiver, avec la nuit sur vos champs mornes,
Avec vos carrefours déserts où le vent corne,
Dites quel dur et rauque appel vers les temps noirs !
C’est l’heure où les plantes douces rentrent sous terre,
Où sur l’aire vidée et sombre des labours
Plus rien ne passe, au long des heures et des jours,
Que de grands vols d’effroi vers les bois solitaires,
Où la bêche et la herse et le coutre et le soc,
Tout se ternit dans l’ombre immense et se corrode ;
Où sur le fleuve éteint l’horizon échafaude
Un crépuscule énorme et livide, par blocs.