Émile Verhaeren

  • La plaine est morne et ses chaumes et granges
    Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus,
    La plaine est morne et lasse et ne se défend plus,
    La plaine est morne et morte — et la ville la mange.

    Formidables et criminels...

  • Même quand le vent meugle

    Et fait grosse sa voix,
    Ils s’exaltent en leur cage de bois,

    Les doux pinsons aveugles.

    On a tué dans leurs yeux clairs

    Toute la vie ;
    ...

  • En des paniers

    De jaune et reluisant osier
    Ils sont partis, de lieue en lieue,

    Les pigeons gris, les pigeons bleus.

    Ils sont partis depuis deux jours,

    — Oh ! les cahots...

  • De branche en branche

    Les pies
    Sautent, noires et blanches,

    Et crient.

    Un attelage,

    Monumental comme une grange en marche,
    Sur la montée, à contre-ciel, près d’un...

  •  
    Par les plaines de ma crainte, tournée au Nord,
    Voici le vieux berger des Novembres qui corne,
    Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
    Qui corne au loin l’appel des troupeaux de la mort.

    L’étable est cimentée avec mon vieux remords...

  • Tonnante,
    La fête s’annonçait, dès le matin, là-bas.

    Comme en un brusque branle-bas,
    ...

  • LES PETITS VIEUX

    En mon...
  • Son chat, son chien, son porc, sa vache et quelques poules ;
    Dites, le maigre bien du métayer flamand !
    Si, le dimanche, au soir tombant, sa tête est saoule,
    Les autres jours, toujours, il peine obstinément.

    D’un cœur dont rien ne lasse et l’espoir et l’attente
    Il...

  • Ô plainte de la terre
    Frappant la nuit, frappant le jour,
    ...

  • Autour de la terre obsédée
    Circule, au fond des nuits, au cœur des jours,
    Toujours,
    L’orage amoncelé des montantes idées.

    Elles roulent, passent et lentement s’agrègent.
    D’abord on les croirait vagues comme les rêves
    Qui s’envolent, dès le matin ;
    Mais...