Plus tard

N’EST-IL plus rien au monde, être faible, pauvre ombre,
Pour un espoir d’amour ou de gloire qui sombre ?
Quand ton dernier espoir mourra, quand tu n’auras
Rien qui ne t’offre un doute à serrer dans tes bras,
Seras-tu seul ? Ton cœur devra-t-il croire au vide ?
Une passion vaine, une amitié perfide,
Une palme de moins, est-ce là l’univers ?
Analyse la foule et vois les maux soufferts.
Si tu ne veux plus croire à personne, aime encore,
Non tel être incomplet que ta folie adore
Et maudit tour à tour, mais l’océan humain
Creusant avec ses flots la route de demain,
Tous ces frères perdus dans la même nuit noire,
Ne cherchant ni bonheur, ni richesse, ni gloire,
Se dévouant au dur labeur, voulant le bien,
Applaudis par personne, encouragés par rien,
Mais le front toujours droit. Car, au temps le plus rude,
Toute l’humanité peuple leur solitude.

  

Collection: 
1856

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