Mon corps, vil accident de lâéternel ensemble ;
Mon cÅur, fibre malade aux souffrantes amours ;
Ma raison, lueur pâle où la vérité tremble ;
Mes vingt ans, pleurs perdus dans le torrent des jours :
Voilà donc tout mon être ! et pourtant je rassemble
Ma volonté, ma force, et mes instants si courts,
Pour illustrer ma vie, et la gloire me semble
Un rempart où la mort sâarrêtera toujours.
Et vous, vous ne voyez, mon frère, dans la gloire
Que dâun mérite vain la palme dérisoire,
Caprice de la foule et du temps et du lieu.
Dédaigneux des vertus que le monde renomme,
Vous dites que la gloire est lâestime de lâhomme,
Et que la paix de lââme est lâestime de Dieu.