Toi qui peux monter solitaire
Au ciel, sans gravir les sommets,
Et dans les vallons de la terre
Descendre sans tomber jamais ;
Toi qui, sans te pencher au fleuve
Où nous ne puisons quâà genoux,
Peux aller boire avant quâil pleuve
Au nuage trop haut pour nous ;
Toi qui pars au déclin des roses
Et reviens au nid printanier,
Fidèle aux deux meilleures choses,
Lâindépendance et le foyer ;
Comme toi mon âme sâélève
Et tout à coup rase le sol,
Et suit avec lâaile du rêve
Les beaux méandres de ton vol.
Sâil lui faut aussi des voyages,
Il lui faut son nid chaque jour ;
Elle a tes deux besoins sauvages :
Libre vie, immuable amour.