La Beauté fait croire

 
La foi, l’antique foi dans mon âme a péri,
Et maintenant je sonde à tâtons la Nature.
Mais je regrette, hélas ! la sublime imposture
Qui, dans l’ombre déserte, offre au cœur un abri ;

Et j’y crois de nouveau quand vous m’avez souri :
La nuit m’épouvantait, cette aube me rassure.
Quand je ne vous vois pas, l’inconnu me torture ;
Paraissez seulement, et mon mal est guéri.

Un sourire de vous, et le bonheur m’inonde :
Je ne peux plus douter qu’une main sur le monde
Par pitié comme un baume ait épanché l’amour.

L’espérance a raison de ma raison rebelle :
Sans retour aimez-moi ; je croirai sans retour
À la bonté de Dieu qui vous créa si belle.

Collection: 
1859

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