Ah ! nous vous absolvons, nous les poètes fous,
De préférer à l’or les lèvres satinées,
De ne point sans révolte aux vagues destinées
Sacrifier la fleur d’un présent sûr et doux !
La vie a des saisons, chaque saison ses goûts.
Le partage est tout fait des rapides années :
Il les faut accueillir comme elles sont données,
Aux vieillards pour prévoir et, pour sentir, à vous.
Combien, devenus vieux, maudissent leur détresse !
Comme ils ont dédaigné le rire et la caresse,
Le passé n’a pour eux nuls consolants retours.
Heureux qui sut aimer ! Il en garde une joie,
Printanière senteur du linceul des beaux jours,
Baiser qu’au ciel de Mai la rose morte envoie.