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    I

    Je rêvais cette nuit
    A peu près vers minuit
    Que j’étais étendu mort, au fond d’une tombe,
    Et que ce froid brouillard qui, des monts, la nuit, tombe,
    Étendait sur le sol
    Son brumeux parasol ;

    II

    Quelques fleurs désolées
    Surgissaient isolées
    Au pied des buissons gris où le givre tremblait ;
    Cette nature, morne et...

  • Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
    Qu'un Ange très savant a sans doute aimantés ;
    Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
    Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.

    Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
    Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ;
    Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
    Tout mon...

  • Un ivoire vivant, une neige animée,
    Fait que mon oeil ravi ne s'en peut retirer.
    Ô main victorieuse, apprise à bien tirer,
    Que tu m'as de beaux traits la poitrine entamée !

    Aux célestes beautés mon âme accoutumée
    Ne trouve objet que toi qui la puisse attirer,
    Et croit qu'elle te peut sans offense adorer,
    Tant elle est de ta glace à toute heure...

  • Malgré moi vis, et en vivant je meurs ;
    De jour en jour s'augmentent mes douleurs,
    Tant qu'en mourant trop longue m'est la vie.
    Le mourir crains et le mourir m'est vie :
    Ainsi repose en peines et douleurs !

    Fortune m'est trop douce en ses rigueurs,
    Et rigoureuse en ses feintes douceurs,
    En se montrant gracieuse ennemie
    Malgré moi.

    Je...

  • Bel albâtre vivant qu'un fin crêpe nous cache,
    Qui vas toute blancheur ici-bas surpassant,
    Admirable perron où l'amour tout-puissant
    Les plus rebelles coeurs pour son trophée attache,

    Il faut que je t'admire, encore que je sache
    Que cent mille rigueurs à l'entour vont croissant,
    D'où s'élance un grand feu qui nous rend languissant,
    Et qui brûle...