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    Ô si le Seigneur penchait son front sur mon trépas,
    Je lui dirais : « Ô Christ, je ne te connais pas.

    « Seigneur, ta stricte loi ne fut jamais la mienne,
    Et je vécus ainsi qu’une simple païenne.

    « Vois l’ingénuité de mon cœur pauvre et nu.
    Je ne te connais point. Je ne t’ai point connu.

    « J’ai passé comme l’eau, j’ai fui comme le sable.
    Si j...

  • Ainsi que Crusoë dans son île déserte,
    Le poète guette, à l’amère solitude,
    Quel voile apportera la béatitude,
    A son exil. La mer, comme une porte ouverte,
    Semble donner l’espoir qu’apparaîtra soudain
    Le bateau qui rira à l’horizon d’étain.
    Et la fièvre prend le poète sur la grève.
    Il croit voir cette voile. Il n’y a pourtant rien
    Que le toujours...

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    Ainsi que l’alouette
         Au bord du champ,
    Le paisible poëte
         Et dominant l’Fera son chant.

    De sa voix attendrie
         Il redira
    Ton angoisse, ô patrie !
         Il chantera

    Ta grandeur dans l’épreuve
         Et ton courroux,
    Et tes voiles de veuve,
         Sacrés pour tous.

    Il dira, chère France,
         Comment...

  • Or c’est ma vie rêver ainsi,
    devant un peu trop d’espérance,
    mains aux genoux comme l’on pense
    à la mode de mon pays,

    et cœur en foi, croyant de l’âme
    que c’est déjà mon bien promis,
    rien qu’à vous voir, hommes et femmes,
    et toutes les choses d’ici.

    Mais lors le ciel, la mer aussi,...

  • Faire des vers, des vers gamins,
    Et rire, et rire, et rire encore,
    Et, comme un pierrot qui picore,
    Cueillir leurs parfums aux jasmins ;

    Forger des vers comme des armes,
    Pointus, effilés, sans merci,
    Ou, pour expier son souci,
    Égrener des ave de larmes,

    C'est bon supérieurement
    Et tout le reste est journalisme ;
    La strophe d'or...

  • Ainsi, ce chemin de nuage,
    Vous ne le prendrez point,
    D'où j'ai vu me sourire au loin
    Votre brillant mirage ?

    Le soir d'or sur les étangs bleus
    D'une étrange savane,
    Où pleut la fleur de frangipane,
    N'éblouira vos yeux ;

    Ni les feux de la luciole
    Dans cette épaisse nuit
    Que tout à coup perce l'ennui
    D'un tigre qui miaule.

  • Tout ainsi que ces pommes
    De pourpre et d'or
    Qui mûrissent aux bords
    Où fut Sodome ;

    Comme ces fruits encore
    Que Tantalus,
    Dans les sombres palus,
    Crache, et dévore ;

    Mon coeur, si doux à prendre
    Entre tes mains,
    Ouvre-le, ce n'est rien.
    Qu'un peu de cendre.