• Ô vierges du zénith, nuées,
    Ô doux enfants de l’air, oiseaux,
    Blancheurs par l’aube saluées,
    Que contemple l’œil bleu des eaux ;

    Vous Ève nomma la première ;
    Vous pour qui le Dieu redouté
    Fit cet abîme, la Lumière,
    Et cette aile, la Liberté ;

    Vous qu’on voit, du gouffre où nous sommes,
    Dans le grand ciel mystérieux ;
    Vous qui n’...

  • L’Orne comme autrefois nous reverrait encore
    Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore,
    Égarer à l’écart nos pas et nos discours ;
    Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées,
    Rendre en si doux ébat les heures consumées,
          Que les soleils nous seraient courts.

    Mais, ô loi rigoureuse à la race des hommes !
    C’est un point arrêté que tout ce...

  • Quoi ! les fils de Paris, qu’on disait si barbares,
    Comme les instruments d’un orchestre accompli,
    De leurs dix mille voix accordent les fanfares,
    Et l’espace autour d’eux par l’extase est rempli !…
    Hubert après Wilhem nous a fait ce prodige ;
    Tant un mortel est fort que l’art sacré dirige !

    O nobles ouvriers, vénérables enfants,
    Courage !… levez haut...

  •  
    Paix aux humbles !

    Tous les hommes ont leurs misères,
    Tous les hommes portent leur croix ;
    Heureux ceux qui, loin de leurs frères,
    Ne succombent pas sous le poids !

    Pauvres qui souffrez en silence,
    Le riche aussi souffre et gémit ;
    Pardonnez-lui son opulence,
    Tolérez ce que Dieu permit.
     
    Trop souvent obligé...

  •  
    Sache-le, paysan, la terre
    Que tu vois n’est pas seulement
    La matrice où, dans le mystère,
    Germe la vie en pur froment.

    Ce n’est pas seulement de l’orge
    Du trèfle pour tes bestiaux,
    Ou du minerai pour ta forge,
    Du bois pour tes matériaux.

    C’est mieux encor, c’est la patrie,
    La patrie, entends-tu ? Le sol
    D’où vers la lumière...

  •  
    Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
    Petites bouches, petits nez,
    Petites lèvres demi-closes,
    Membres tremblants,
    Si frais, si blancs,
    Si roses !

    Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
    Pour le bonheur que vous donnez,
    À vous voir dormir dans vos langes,
    Espoir des nids
    Soyez bénis,
    Chers anges !

    Pour vos grands yeux...

  •  
    Poètes à venir, qui saurez tant de choses,
    Et les direz sans doute en un verbe plus beau,
    Portant plus loin que nous un plus large flambeau
    Sur les suprêmes fins et les premières causes ;

    Quand vos vers sacreront des pensers grandioses,
    Depuis longtemps déjà nous serons au tombeau ;
    Rien ne vivra de nous qu’un terne et froid lambeau
    De notre...

  • Il sied de ressembler aux dieux. Ton Dieu, flamine,
    Dévore ses enfants ; ton Dieu, mage, extermine ;
    Augure, ton Dieu ment ; uléma, ton Dieu met
    La terre sous le sabre impur de Mahomet ;
    Ton Dieu, Rome, est l’agneau, mais il tette la louve ;
    Ô noir dominicain qui rêves, ton Dieu trouve
    Agréable l’odeur infâme des bûchers ;
    D’affreux temples, ayant pour...

  • I

    Semons ce qui demeure, ô passants que nous sommes !
    Le sort est un abîme, et ses flots sont amers.
    Au bord du noir destin, frères, semons des hommes,
    Et des chênes au bord des mers !

    Nous sommes envoyés, bannis, sur ce calvaire,
    Pour être vus de loin, d’en bas, par nos vainqueurs,
    Et pour faire germer par l’exemple sévère
    Des cœurs...

  •  
    À M. Lansyer.

    S’il plaît aux voyageurs du beau pays des rêves
    D’aborder par instants notre monde réel.
    Ainsi que des marins débarquant sur les grèves.
    Ces fervents amoureux de la mer et du ciel

    Trébuchent... Leurpied veut des houles éternelles...
    Ils sont habitués au roulis des vaisseaux.
    Il faut l’horizon vaste au jeu de leurs...