Aux orphéonistes

Quoi ! les fils de Paris, qu’on disait si barbares,
Comme les instruments d’un orchestre accompli,
De leurs dix mille voix accordent les fanfares,
Et l’espace autour d’eux par l’extase est rempli !…
Hubert après Wilhem nous a fait ce prodige ;
Tant un mortel est fort que l’art sacré dirige !

O nobles ouvriers, vénérables enfants,
Courage !… levez haut tous vos fronts triomphants ;
Car sous les voix du peuple on sent Dieu dans vos fêtes ;
Car à travers le beau, c’est le bien que vous faites ;
Car les meilleurs plaisirs font les hommes meilleurs ;
Car l’homme à ses plaisirs se juge et s’apprécie,
Comme l’astre à ses feux et l’arbuste à ses fleurs ;
Car l’ombre de Wilhem à vos chants s’associe,
Et vous conduit toujours du bout de ses lauriers,
Vénérables enfants, ô nobles ouvriers !

Oui, courage ! le prix ne s’est pas fait attendre :
Votre âme de la Ville agite le grand corps,
Et du palais des Rois on sort pour vous entendre,
Et les échos du ciel adoptent vos accords.

Collection: 
1847

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