•  
    Je t’adore, Dieu pauvre entre les Immortels,
    Et j’ai tressé pour toi ces roses purpurines,
    Parce que tu n’as point de temples ni d’autels,
    Et que nul tiède encens ne flatte tes narines.

    Nul ne te craint et nul n’implore ta bonté…
    Ceux qui t’honorent sont pauvres, car tu leur donnes,
    Ayant ouvert tes mains vides, la pauvreté ;
    Et ton souffle...

  •  
    Toi dont nous poursuivons, au profond de toi-même,
    L’inconnaissable essence et la pure entité,
    Que la crainte, la foi, l’amour et le blasphème
    Nomment du même nom auguste et redouté,
    Ô Dieu dont la présence autour de nous recule
    Dans l’orbe incessamment élargi de nos cieux,
    Chaque fois que pour nous s’allume, au crépuscule,
          Un astre...

  •  
    Barde, à ton large front rayonne la fierté
    Des têtes que le feu de l’idéal entoure,
    Et l’on sent tressaillir sur ton luth enchanté
    Le souffle d’Ossian et le rythme de Moore.

    Pour célébrer les champs, les bois, les vieux castels,
    Pour louer les héros dont on baise la trace,
    Pour chanter les combats et les deuils immortels,
    Tu vibres du frisson...

  •  
    Honneur, gloire à vous tous qui pour le genre humain,
    Consumez tant de nuits une plume à la main,
    Philanthropes rêveurs qui, poussés d’un beau zèle,
    Avez bâti pour nous la paix universelle…
    Oh ! qu’un Dieu paternel récompense vos soins !
    (Barthélemy)

     
    ...

  • Précieux et Royal Bijou,
    Second joyau de la Couronne,
    Présent du Ciel, beau Duc d’Anjou,
    ...

  •  
    I

    Ne plus être qu’une âme au cristal aplani
    Où le ciel propagea ses calmes influences ;
    Et, transposant en soi des sons et des nuances,
    Mêler à leurs reflets une part d’infini.
    Douceur ! C’est tout à coup une plainte de flûte
    Qui dans cette eau de notre âme se répercute ;
    Là meurt une fumée ayant des bleus d’encens…
    Ici chemine un bruit...

  •  

    Au fond du bois. Je rêve, assis, distrait, au bord
    D’un ruisselet, humant le capiteux arôme
    Qu’un souffle tropical promène sous le dôme
    Des vieux arbres pensifs et mornes du grand Nord.

    À travers les rameaux le soleil fane et mord
    Les mousses et les fleurs dont l’air dormant s’embaume.
    Sur l’immensité plane un silence de mort.
    Le tronc du...

  •  
    Nul regard, si perçant qu’il soit et si sublime,
    Nul regard ne pourrait te sonder, noir abîme,
                Où tonne l’ouragan !

    Ni plonger dans ton sein que déchire et que lave
    La vague d’un torrent qui bout comme la lave
                Au creuset d’un volcan.

    Jamais le jour n’y luit, jamais la blanche lune,
    Quand elle glisse, au haut de la...

  • Monstre des temps homériques,
    Dans les nôtres déclassé ;
    Polyphème des barriques,
    Dont l’œil au ventre placé

    Provoque avec assurance
    — Avortons d’un siècle obtus ―
    Nos tonneaux qui sont en France,
    Étroits comme nos vertus !

    Foudre géant, qu’à ta forme
    On prendrait pour un vaisseau,
    Du bon vin cercueil énorme
    Dont je possède...

  •  
    Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
    Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
    Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
    D’une blanche harmonie argentent les gazons.
    Une ombre par degrés baigne ces formes vagues :
    Et sur les bracelets, les colliers et les bagues
    Qui chargent les poignets, les poitrines, les doigts,
    Avec le...