Honneur, gloire à vous tous qui pour le genre humain,
Consumez tant de nuits une plume à la main,
Philanthropes rêveurs qui, poussés d’un beau zèle,
Avez bâti pour nous la paix universelle…
Oh ! qu’un Dieu paternel récompense vos soins !
(Barthélemy)
Quand le sage de Cos, le divin Hippocrate,
Répandait dans la Grèce illustre, injuste, ingrate,
Les bienfaits de son art et ses soins généreux,
Il allait, tout couvert de sueur, de poussière,
Secourir l’indigent jusqu’en l’humble chaumière,
Toujours fier de calmer les maux des malheureux.
Fort de sa probité, fort de sa conscience,
Chaque jour en puisant dans sa vaste science,
Son génie, émané de la Divinité,
Découvrait un remède à la souffrance utile.
Peu jaloux des égards d’un peuple trop futile,
Il marchait d’un pas ferme à l’immortalité.
Un sentiment unique, une céleste flamme,
De ce savant illustre animait la grande âme :
L’amour de son prochain ! Modeste en ses succès,
Contre les maux cruels luttant avec courage,
Il en cherchait la cause, et, les suivant en sage,
En arrêtait souvent les immenses progrès.
Mais si pourtant, déçu dans sa persévérance,
Des revers imprévus brisaient son espérance ;
Alors on le voyait, toujours avec douceur,
Multipliant ses soins, ranimant son génie,
Disputer à la mort le reste de la vie
Qui s’éteignait, plus calme, au sein de la douleur.
Oui, plus calme : à sa voix douce et consolatrice,
Le patient sentait s’adoucir le calice
Où le sort l’abreuvait de douleurs et de fiel :
Ainsi l’on voit de Dieu le ministre fidèle
Au chrétien expirant apporter avec zèle
La parole de paix, en lui montran le Ciel.
Voilà par quels bienfaits, quel talent, quel courage,
Hippocrate conquit le surnom de vrai sage,
L’estime et le respect de la postérité !
Et quel puissant empire en grands hommes fertile
Vit de son sein surgir un savant plus utile
Que cet ami des arts et de l’humanité ?
Honneur au médecin qui suit ce grand modèle !
Qui, savant, vertueux, animé d’un saint zèle,
Comprend sa mission, en tout temps, en tout lieu !
Les noms des conquérants, si prônés dans l’histoire,
S’abaissent près du sien, dont l’immortelle gloire
Est un reflet divin de la bonté de Dieu.
C’est ainsi qu’on te voit, Lambert, d’un pas rapide
Marcher dans l’avenir où la gloire te guide
Comme un phare brillant, comme une étoile aux cieux.
De ton noble talent le pays s’honore,
Et qui de jour en jour le voit grandir encore,
Prépare une auréole à ton front radieux.
Pour moi, faible poète, inhabile, morose,
De mon réduit obscur où ma muse repose,
Je ne puis qu’esquisser cet éloge imparfait.
Si dans ces vers dictés par la reconnaissance
Du talent poétique on remarquait l’absence,
D’un éternel oubli ton nom les sauverait
Septembre 1841