• Moines de Zurbaran, blancs chartreux qui, dans l’ombre,
    Glissez silencieux sur les dalles des morts,
    Murmurant des Pater et des Ave sans nombre,

    Quel crime expiez-vous par de si grands remords ?
    Fantômes tonsurés, bourreaux à face blême,
    Pour le traiter ainsi, qu’a donc fait votre corps ?

    Votre corps modelé par le doigt de Dieu même,
    ...

  • XXXIX

    A. L.

    Toute espérance, enfant, est un roseau.
    Dieu dans ses mains tient nos jours, ma colombe ;
    Il les dévide à son fatal fuseau,
    Puis le fil casse et notre joie en...

  •  
    Ab joi mou lo vers el comens
    Et ab joi reman e fenis !
    E sol que bona fos la fis,
    Bos tenh qu’er lo comensamens.
    Per la bona comensansa
    Me ve jois et alegransa !
    E per so dei la bona fi grazir,
    Car totz bos faihz vei lauzar al fenir.

    Si m’apodera jois e.m vens :
    Meravilh’ es com o sofris
    Car no dic e non esbruis
    Per cui...

  • Résignée et soumise au Dieu de l’univers,
    La Nature en silence adore, vit et prie ;
    Sur le sol riche ou nu qui lui sert de patrie
    L’animal suit la loi de ses instincts divers.

    Les printemps alternés succèdent aux hivers,
    La terre est tour à tour fécondée et fleurie
    Et le bon Dieu sourit aux fleurs de la prairie
    Qui regardent le ciel comme des yeux...

  •  
    Le carrosse d’or roux, la chaise, le sabot
    Qui piaffe au pavé clair et sonne sur la dalle,
    N’animent plus la cour vaste, vide et royale
    Où se sont tus les pas, le fouet et le grelot.

    La porte s’entrebâille et le volet se clôt ;
    Le vent use, tout bas, la pierre jaune et pâle ;
    Le silence engourdi crispe de salle en salle
    Ses deux ailes de...

  •  
    La belle en larmes
    Pleure l’abandon de ses charmes
    Dont un volage enjôleur
    A cueilli la fleur.
    Elle sanglote...

  •  
    La chapelle de l’abbaye
    Avait été toute envahie
    D’un flot d’oisifs & de flâneurs ;
    Et sur le marbre blanc des dalles,
    Deux moines, traînant leurs sandales,
    Guidaient à travers les dédales
    Tous ces curieux promeneurs.

    Devant ces royales merveilles,
    Ainsi qu’un noir essaim d’abeilles,
    La foule en groupes se formait.
    ...

  • I

    Une ruine immense et formidable à voir !

    Le jour qui se levait, sur les tours au flanc noir
    Étalait sa lumière, et, comme une ironie,
    Faisait lutter sa joie avec cette agonie.

    Pareille à quelque monstre oublié par les eaux
    Dont le temps, sur la grève, a rongé les grands os,
    La vieille basilique, avec des bruits funèbres,
    Parfois, dans l’...

  • Esprit de l'homme, un jour sur ces cimes glacées,
    Loin d'un monde odieux, quel souffle t'emporta ?
    Tu fus jusqu'au sommet chassé par tes pensées ;
    Quel charme ou quelle horreur à la fin t'arrêta ?

    Ce furent ces forêts, ces ténèbres, cette onde,
    Et ces arbres sans date, et ces rocs immortels,
    Et cet instinct sacré qui cherche un nouveau monde
    Loin des...

  •  
    Je voudrais être, sur la terre,
    L’unique héritier des grands rois
    Dont la force et l’éclat font taire
    Tous les revendiqueurs des droits,

    De ces rois d’Asie et d’Afrique,
    Monarques des derniers pays
    Où les maîtres sont, sans réplique,
    Sans réserve, encore obéis.

    Je verrais, à mon tour idole,
    Les trois quarts du monde vivant
    ...