• Quoi ! tu raillais vraiment, quand tu disais : Je t’aime !
    Quoi ! tu mentais aussi, pauvre fille !… A quoi bon ?
    Tu ne me trompais pas, tu te trompais toi-même,
    Pouvant avoir l’amour, tu n’as que le pardon !

    Garde-le, large et franc, comme fut ma tendresse.
    Que par aucun regret ton cœur ne soit mordu :
    Ce que j’aimais, en toi, c’était ma propre ivresse,...

  •  
    I fall upon the thorns of life ! I bleed !
    SHELLEY

    Des ombres du malheur mon front triste se voile,
    Mon horizon est sombre et mon jour est obscur ;
    Mais dans mon ciel éteint, ô ma fidèle étoile,
    Je vois briller toujours ton rayon doux et pur.
    Lorsque pour me punir tout fuit et m'abandonne,
    Tendre pour mes erreurs ton cœur me...

  •  
    Sur ton front, Laurence,
    Laisse-moi poser
    De l'indifférence
    Le chaste baiser.
    Si je le prolonge,
    Oh ! ne rougis pas !
    On s'attache au songe
    Qui fuit de nos bras.

    Ma lèvre dérange,
    Sur tes blonds cheveux,
    Le bouquet d'orange
    Embaumé de vœux ;
    Ta main est promise,
    Et l'autel est prêt :...

  •  
    De nos forêts tige inconnue,
    Toi qui de tes fraîches hauteurs
    Sur ma route brûlée et nue
    As versé tes vierges senteurs ;

    Grotte mystérieuse et douce,
    Oasis de palmiers couvert,
    Fontaine où je puis sur la mousse
    Boire avec l’oiseau du désert ;

    Pensive enfant de ma vallée,
    Muse cachée au fond des bois,
    Âme fraternelle et...

  • Quand je fis connaissance avec votre famille,
    À Marbœuf, au jardin de son cèdre si fier
    (Ce souvenir pour moi semble dater d’hier),
    Madame, vous n’étiez qu’une petite fille.

    Je revins ; vous grimpiez encor sur les genoux,
    Mais déjà dans votre œil brillait un feu plus tendre ;
    La curiosité qui cherchait à comprendre
    Rendait vos jeux d’enfant moins...

  • XXVIII

    Voyez-vous, un parfum éveille la pensée.
    Repliez, belle enfant par l’aube caressée,
    Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon,
    Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon,
    Et puis écoutez-moi. — Dieu fait l’odeur des...

  • (Traduit d’Anacréon.)

    La fille de Tantale, en sa forme nouvelle,
    Sur les bords phrygiens devint pierre, dit-on ;
    Et les dieux ont donné le vol de l’hirondelle
    À la fille de Pandion.

    Que je sois ton miroir, pour que vers moi sans cesse
    Tu penches ton beau front orné par les amours !
    Que je sois ta tunique, ô ma blanche maîtresse,...

  •  

    Pourquoi, tout à coup, quand tu joues,
    Ces airs émus et soucieux ?
    Qui te met cette fièvre aux yeux,
    Ce rose marbré sur les joues ?

    Ta vie était, jusqu’au moment
    Où ces vagues langueurs t’ont prise,
    Un ruisseau que frôlait la brise,
    Un matinal gazouillement.

                                *

    Comme ta beauté se révèle
    Au-...

  •  
    Si j’étais jeune fille, et si, dans ma saison,
    J’étais belle et poëte,
    Pour chanter, j’aimerais mieux un nid de pinson
    Qu’un trépied de prophète ;
    Je saurais peu quel vent pousse l’humanité
    Et quel trône vacille ;
    Mais je dirais son nom à chaque fleur, l’été,
    Si j’étais jeune fille.

    Je n’aurais jamais lu nos apôtres nouveaux ;
    ...

  •  
    Un baiser sur mon front ! un baiser, même en rêve !
    Mais de mon front pensif le frais baiser s'enfuit ;
    Mais de mes jours taris l'été n'a plus de sève ;
    Mais l'Aurore jamais n'embrassera la Nuit.

    Elle rêvait sans doute aussi que son haleine
    Me rendait les climats de mes jeunes saisons,
    Que la neige fondait sur une tête humaine,...