•  
    Je n’ai plus ni foi ni croyance !
    Il n’est pas de fruit défendu
    Que ma dent n’ait un peu mordu
    Sur le vieil arbre de science :
    Je n’ai plus ni foi ni croyance.

    Mon cœur est vieux ; il a mûri
    Dans la pensée et dans l’étude ;
    Il n’est pas de vieille habitude
    Dont je ne l’aie enfin guéri.
    Mon cœur est vieux, il a mûri.

    Les...

  •  
    Oiseaux ! oiseaux que j’envie
    Votre sort et votre vie !

    Votre gentil gouvernail,
    Votre infidèle pennage,
    Découpé sur le nuage,
    Votre bruyant éventail.

    Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
    Votre sort et votre vie !

    Vos jeux, aux portes du ciel ;
    Votre voix sans broderie,
    Écho d’une autre patrie,
    Où notre bouche est sans...

  •  
    Que sais-je ?

    Toi qui, pour découvrir l’astre d’un nouveau monde,
    Lanças, plus d’une fois, ton esquif orgueilleux
    Sur l’abîme grondant d’une mer vagabonde
    Qui du sein de nos ports souriait à tes yeux,
    Mais qui revins toujours de ton lointain voyage
    La voile déchirée et les mâts en débris,
    Sans avoir entrevu les palmiers du...

  •  
    TOUT pleins de caresses vermeilles
    Des frissons d’or venus du ciel,
    S’envolent, comme des abeilles
    De ta chevelure de miel.

    Et ces filles de la lumière,
    L’aile vibrante de plaisir,
    Ont fait de ta blonde crinière
    La ruche où pose mon désir.

    Leur essaim sur tes lèvres fraîches
    Des roses laissa la clarté ;
    Mais tout le poison...

  •  
    COMME le vol d’une hirondelle,
    Sur un ciel d’aube aux blancs rideaux,
    Double, en passant, une ombre d’aile,
    Se dessinent tes noirs bandeaux.

    Leur ombre jumelle se joue
    Sur le ciel de ton front qui luit,
    Et, jusqu’aux roses de tes joues
    De sa corolle étend la nuit.

    Avant que l’hiver n’effarouche
    L’oiseau fidèle, si tu veux,
    ...

  •  

    Or, la pourpre vêt la véranda rose
    Au motif câlin d’une mandoline,
    En des sangs de soir, aux encens de rose,
    Or, la pourpre vêt la véranda rose.

    Parmi les eaux d’or des vases d’Egypte,
    Se fanent en bleu, sous les zéphirs tristes,
    Des plants odorants qui trouvent leur crypte
    Parmi les eaux d’or des vases d’Egypte.

    La musique embaume...

  • À Sully-Prudhomme.

    D’être ou de n’être pas je n’ai point eu le choix,
    Mais, dans ce siècle vide, ennuyeux et bourgeois
    Je suis comme un enfant volé par des tziganes,
    Qui chassa les oiseaux avec des sarbacanes,
    Et devint saltimbanque et joueur de guzla.
    Longtemps il n’a mangé que le pain qu’il vola,
    Et, comme un...

  •                     I

    Le nez rouge, la face blême,
    Sur un pupitre de glaçons,
    L’Hiver exécute son thème
    Dans le quatuor des saisons.

    Il chante d’une voix peu sûre
    Des airs vieillots et chevrotants ;
    Son pied glacé bat la mesure
    Et la semelle en même temps ;

    Et comme Hændel, dont la perruque
    Perdait sa farine en tremblant,
    Il...

  •             FANTOCHES

    Scaramouche et Pulcinella,
    Qu’un mauvais dessein rassembla,
    Gesticulent, noirs sur la lune.

    Cependant l’excellent docteur
    Bolonais cueille avec lenteur
    Des simples parmi l’herbe brune.

    Lors sa fille, piquant minois,
    Sous la charmille en tapinois
    Se glisse demi-nue, en quête

    De son beau pirate espagnol...

  • Une nuit, — vous allez bien sûr être incrédule, —
    J’étais au coin du feu, lorsqu’en me retournant,
    Je vis debout dans l’ombre un hideux revenant.
    Minuit sonnait alors à ma vieille pendule.

    — « Me reconnais-tu, hein ? » dit-il en ricanant !
    Et son ricanement fit un bruit de capsule.
    Il ajouta : « je suis le fantôme d’Ursule :
    « Je te parlais d’amour...