Esprit celeste, & des Dieux transformé
En corps mortel transmis en ce bas Monde,
A Apollo peulx estre conformé
Pour la vertu, dont es la source, & l’onde.
Ton eloquence avecques ta faconde,
Et hault sçavoir, auquel tu es appris,
Demonstre assez le bien en toy compris :
Car en doulceur ta plume tant fluante
A merité d’emporter gloire,...
Le feu divin qui nous consume
Ressemble à ces feux indiscrets
Qu’un pasteur imprudent allume
Aux bord de profondes forêts;
Tant qu’aucun souffle ne l’éveille,
L’humble foyer couve et sommeille ;
ais s’il respire l’aquilon,
Tout à coup la flamme engourdie
S’enfle, déborde; et l’incendie
Embrase un immense horizon...
LE BARDE ANGLO-AMÉRICAIN.
Comme un monstre amphibie, enveloppé de brume,
Comme un léviathan, il avance, il écume,
Et tout tremble à sa voix, tout est saisi de peur !
Cyclope menaçant, aux poumons de vapeur,
De sa gueule enflammée il sort des étincelles ;
Et l’on doute s’il nage ; on croit qu’il a des ailes. —
Voyez-le soupirer : on dirait qu’...
Sylphe léger, fils des molles rosées,
J’aime à bondir sur les gazons en fleurs,
Et l’arc-en-ciel aux teintes irisées
Fait à mon front chatoyer ses couleurs ;
Sur un brin d’herbe, en passant, je me pose,
Et, sous mes pieds, bourdonnent les sillons ;
J’ai, pour tunique, une feuille de rose,
J’ai, pour voler, l’aile des papillons.
Quand...
Un homme aux yeux profonds passait ; un patriarche
Lui demanda : — Combien as-tu de jours de marche,
Ô voyageur qui viens du côté du levant ?
L'homme dit : — Je ne sais. Le vieux reprit : — Le vent,
Ô voyageur qui viens du côté de l'aurore,
T'a-t-il bien poursuivi ? L'homme dit : — Je l'ignore.
Le vieillard dit : — Tu dois avoir près d'Engaddi
...
Voyez-vous de l'or de ces urnes
S'échapper ces esprits des fleurs,
Tout trempés de parfums nocturnes,
Tout vêtus de fraîches couleurs?
Ce ne sont pas de vains fantômes
Créés par un art décevant,
Pour donner un corps aux arômes
Que nos gazons livrent au vent.
Non chaque atome de matière
Par un esprit est habité ;
Tout sent, et la...
Qu’il était fatigué ce soir
Au moment de son arrivée !
À mes côtés il vint s’asseoir ;
Sa journée était achevée.
Je lui disais : « Vous êtes bon ! »
Car je n’osais pas tout lui dire,
Hélas !… & lui répondait : « Non ! »
Avec son plus charmant sourire.
Puis il lui fallut s’en aller,
Quoiqu’il en eût bien peu d’envie.
Et, moi, je...
Dans un lieu plein de fleurs, inondé de lumière,
A tes yeux apparut, et grande, et blanche, et fière,
La dame au long profil. De ses plis opulents
La pourpre du velours drapait ses nobles flancs.
Sur sa taille élancée aux courbes onduleuses
Les lustres balançaient leurs gerbes lumineuses.
Parmi des fleurs, — l’abeille ainsi porte son dard, —
...
Sous un règne propice à la gloire des arts,
Près du calme des champs, non loin de nos remparts,
S’éleva cette tour paisible et révérée,
A l’étude des cieux par Louis consacrée.
Je vins sur sa hauteur méditer quelquefois :
L’auguste poésie anime encor sa voix,
En contemplant les cieux dont elle est descendue ;
Son audace a besoin de leur vaste...